Au Mali, une élection présidentielle sous tension et à l’issue très incertaine
Ibrahim Boubacar Keïta est en quête d’un second mandat sans avoir réglé les problèmes sécuritaires du pays.
Quelques centaines de mètres séparent les deux quartiers généraux. « Ils nous marquent à la culotte », s’agace Mahamadou Camara. Le directeur de la communication de la campagne du président Ibrahim Boubacar Keïta (« IBK »), en lice pour un second mandat, dimanche 29 juillet, tire les rideaux pour jeter un œil à l’immense affiche de son principal adversaire. Soumaïla Cissé, candidat de l’Union pour la République et la démocratie (URD), a installé son QG à deux pas de celui du candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM).
Pour la première fois de l’histoire de la démocratie malienne, il n’y a pas de prime au président sortant. La bataille entre les 24 candidats n’en est que plus féroce. « Soumi » suit les traces d’IBK, à commencer par le choix des lieux de meetings à travers le pays. « Ce sont nos affiches qui restent. Le peuple peut ainsi constater que la capacité de mobilisation d’IBK est faible par rapport à la nôtre », glisse un des soutiens de M. Cissé.
« Défendre le bilan »
En août 2013, IBK avait été plébiscité, élu avec 77,6 % des voix au second tour. Fort de sa popularité de premier ministre à poigne sous Alpha Oumar Konaré, il était perçu comme l’homme de la situation, dont l’autorité permettrait de résoudre la crise au nord, qui avait nécessité en janvier l’intervention de l’armée française contre la rébellion touareg et djihadiste. Cinq ans plus tard, l’un de ses soutiens le reconnaît, la donne a changé : « La position de hauteur prise dans la campagne de 2013 n’était plus tenable aujourd’hui. Cette fois, l’idée était de montrer un homme de terrain, qui va à la rencontre des Maliens pour défendre son bilan. »
Les images montrant IBK enturbanné lors de sa visite à Kidal, le 19 juillet, en compagnie d’un chef touareg, Bilal Ag Achérif, secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), illustrent cet état d’esprit. En cinq ans, c’est la première fois qu’IBK se rend dans son fief.