Au Mexique, la galère des expulsés de Trump
Au Mexique, la galère des expulsés de Trump
Depuis l’investiture du président américain, le 20 janvier, 33 934 clandestins ont été renvoyés des Etats-Unis.
Un petit sac filet rouge pour seul bagage, Francisco Lopez, 45 ans, franchit les portes automatiques du terminal de l’aéroport de Mexico. Ce bibliothécaire, metteur en scène et présentateur dans une radio locale à Louisville (Kentucky) a vécu illégalement treize ans aux Etats-Unis. « J’ai tout perdu », lâche-t-il, l’air hagard. Comme lui, 33 934 clandestins originaires du Mexique ont été expulsés entre le 20 janvier, date d’investiture de Donald Trump, et le 9 avril, selon l’Institut national de la migration (INM) mexicain.
Le programme du président américain menace du même sort les 11 millions de sans-papiers vivant sur le sol américain, dont 5,7 millions sont mexicains. « Je n’ai jamais commis un seul délit », soupire M. Lopez, en référence aux promesses de M. Trump d’expulser en priorité 2 à 3 millions de « criminels ». Sa vie a basculé, le 13 janvier, à la suite d’un contrôle d’identité à côté de chez lui, qui l’a conduit dans un centre de détention des services américains de l’immigration (ICE).
Même déboire pour Julio Hernandez, gaillard chauve de 50 ans, arrêté par des agents de l’ICE (agence fédérale de police), trois mois plus tôt, dans son atelier de peinture automobile, situé dans la ville de Rockford (Illinois). Le motif ? « Il y a dix ans, j’ai été interpellé par la police avec un gramme de cocaïne sur moi, suppose-t-il. Trente-deux ans de rêve américain partis en fumée. » Dans l’avion en provenance de la ville d’El Paso, au Texas, le chef d’entreprise a voyagé pieds et mains menottés. « Ils m’ont traité comme un terroriste », dénonce ce père de six enfants qui s’inquiète pour sa famille, restée aux Etats-Unis.
Derrière lui, dans le sas des arrivées, une centaine d’autres expulsés font la queue. La plupart sont trentenaires. Beaucoup travaillaient aux Etats-Unis dans la construction, la restauration ou le tourisme.