">

Au Pakistan, le premier ministre Imran Khan face à la colère de milliers de manifestants

04 - Novembre - 2019

C’est une alerte sérieuse pour le premier ministre pakistanais, Imran Khan, la première depuis son élection en juillet 2018. Des milliers de manifestants se sont réunis à Islamabad durant le week-end pour exiger son départ. Baptisée la marche « Azadi » (« marche de la liberté »), le mouvement de protestation est parti de plusieurs grandes villes du pays, notamment Karachi et Peshawar, le 27 octobre et a convergé vers la capitale. Arrivés le 31 octobre, les manifestants tiennent depuis un sit-in géant. A sa tête, Fazlur Rehman, une figure politico-religieuse qui dirige le Jamiat Ulema-e-Islami-Fazal (JUI-F), le plus grand parti islamiste du pays.

Coiffé d’un turban et portant une longue barbe blanche, broussailleuse, l’homme, surnommé le « maulana » (le « maître »), avait lancé un ultimatum à Imran Khan pour qu’il quitte le pouvoir avant dimanche 3 novembre. Les principaux partis d’opposition, issus des familles politiques, le clan Sharif et le clan Bhutto, qui avaient déjà manifesté en juillet, l’ont rejoint et accusent le chef du gouvernement d’être illégitime, car élu sur la base d’élections tronquées, grâce au soutien de l’armée.
« Libérer le peuple du régime »

Dimanche, le « maulana » a prolongé son ultimatum de vingt-quatre heures. « Nous devons libérer le peuple de ce régime. La caravane ne s’arrêtera pas tant qu’elle n’aura pas atteint son but », a t-il prévenu devant la foule de ses partisans, exclusivement composée d’hommes – le « maulana » a interdit aux femmes de manifester. Fazlur Rehman avait menacé d’aller chercher le premier ministre dans sa résidence. En réaction, les mesures de sécurité ont été renforcées autour de la zone rouge qui abrite les bâtiments de la présidence, du gouvernement, du Parlement et les ambassades étrangères.

Cette contestation intervient alors que le pays est plongé dans une crise économique et financière majeure. L’inflation a atteint 8 % cette année, la roupie a perdu un tiers de sa valeur et la croissance plafonne à 3 %. Le Pakistan, cinquième pays le plus peuplé de la planète, est aussi l’un des plus pauvres. Environ 30 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Lors de sa campagne électorale, Imran Khan avait promis de lutter contre la corruption, de créer des emplois et de relancer l’économie. Son programme de stabilisation signé en juillet avec le FMI pour l’obtention d’un nouveau prêt de 6 milliards de dollars l’oblige à des réformes impopulaires et des mesures d’austérité. Il a imposé de nouvelles taxes et des coupes budgétaires, notamment dans l’éducation, la santé, les services publics. Seule, l’armée, alliée du pouvoir, a été épargnée.

Autres actualités

19 - Février - 2018

Turquie : « Y aura-t-il une Angela Merkel pour les frères Altan ? »

Dans une tribune au « Monde », l’historien turc Levent Yilmaz dénonce la condamnation à la prison à perpétuité par un tribunal turc des deux...

16 - Février - 2018

Afrique du Sud : les casseroles judiciaires de Jacob Zuma

Dépossédé de son immunité de chef d’Etat et de son pouvoir au sein du parti, le désormais ex-président va être rattrapé par plusieurs...

16 - Février - 2018

Le pouvoir cubain envoie sa police politique aux avocats indépendants

Le gouvernement cubain ne tolère que les juristes à son service. La Havane veut neutraliser les avocats indépendants en activité à Cuba. Deux mois avant la...

15 - Février - 2018

Le président sud-africain Jacob Zuma démissionne avec « effet immédiat »

près des semaines de tractations et de réunions, le chef de l’Etat, empêtré dans des scandales de corruption, a finalement cédé aux pressions de son...

15 - Février - 2018

Etats-Unis : depuis le début de l’année, pas plus de deux jours sans victime dans des fusillades de masse

Avec la fusillade de masse du 14 février à Parkland (Floride), le bilan atteint 82 morts et 139 blessés en… quarante-cinq jours depuis le 1er janvier. Des...