Au Rwanda, Amnesty dénonce un « climat de peur » avant la présidentielle

10 - Juillet - 2017

Un rapport de l’ONG détaille plusieurs cas d’atteintes à la liberté d’expression et de répression à l’encontre de journalistes et d’hommes politiques.


Les attaques répétées depuis vingt ans contre l’opposition, les médias et les défenseurs des droits humains ont créé un « climat de peur » au Rwanda à l’approche de la présidentielle du 4 août, a dénoncé vendredi 7 juillet Amnesty International.
L’organisation de défense des droits humains publie un rapport intitulé « Rwanda. Un pays en proie à des attaques, des actes de répression et des homicides depuis vingt ans va élire son nouveau président ». Ce rapport de trente pages détaille plusieurs cas d’atteintes à la liberté d’expression et de répression à l’encontre de journalistes, d’hommes politiques et de défenseurs des droits humains depuis 1995, l’année suivant la prise du pouvoir par le Front patriotique rwandais (FPR) de l’actuel président Paul Kagamé.
« Atmosphère glaçante »
« Ceux-ci sont emprisonnés, agressés physiquement, contraints à l’exil ou réduits au silence, parfois même tués », dénonce Amnesty. L’ex-rébellion tutsi du FPR a chassé en juillet 1994 le régime hutu extrémiste de l’époque et mis fin au génocide – environ 800 000 morts essentiellement parmi la minorité tutsi – déclenché trois mois auparavant.
« Deux décennies d’attaques contre les opposants politiques, les médias indépendants et les défenseurs des droits humains ont créé un climat de peur au Rwanda » à l’approche de la présidentielle, assure Amnesty. « Dans cette atmosphère glaçante, il n’est pas surprenant que les éventuels détracteurs du régime s’autocensurent et que le débat politique soit limité à l’approche du scrutin », poursuit l’organisation.
Parmi les cas les plus récents cités dans le rapport, l’assassinat en mai de Jean Damascene Habarugira, un membre du parti – non reconnu par les autorités – des Forces démocratiques unifiées (FDU), présidé par l’opposante emprisonnée Victoire Ingabire, et la disparition en 2016 d’Illuminée Iragena, également membre de ce parti.
Harcèlement et intimidation
Amnesty rappelle que deux candidats déclarés à la présidentielle, Diane Rwigara et Philippe Mpayimana, « se sont plaints que leurs représentants avaient été victimes de harcèlement et de manœuvres d’intimidation pendant qu’ils recueillaient les signatures nécessaires à la validation des candidatures ». Quelques jours après l’annonce de sa candidature, des photos dénudées de Mme Rwigara ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, « ce que beaucoup ont considéré comme une campagne de diffamation », selon Amnesty.
Cinq candidats d’opposition, dont quatre indépendants, ont annoncé leur volonté de se présenter face au président sortant, autorisé à briguer un troisième mandat en vertu d’une réforme contestée de la Constitution rwandaise. Début juillet, la Commission électorale nationale (NEC) avait validé la candidature du président Kagamé et celle de Frank Habineza, le président du Parti démocratique vert, seule formation d’opposition autorisée. Mais elle avait rejeté les dossiers, jugés incomplets, de tous les candidats indépendants. La NEC leur avait donné cinq jours pour régulariser leur situation.
Amnesty « exhorte l’Etat à prévenir le harcèlement visant les candidats de l’opposition et leurs sympathisants avant le scrutin d’août » et à « entreprendre des réformes ambitieuses qui élargiront l’espace politique avant l’élection de 2024 ».

Autres actualités

03 - Octobre - 2019

Afrique du Sud-Nigeria : la coopération économique à l’épreuve des tensions xénophobes

Selon l’expression consacrée, l’Afrique du Sud et le Nigeria ont toujours eu le rôle de « locomotives » du continent. Les deux géants...

02 - Octobre - 2019

La tentative ratée de « contact direct » entre Trump et Rohani à New York

Tout au long de ces quarante-huit heures new-yorkaises, les 23 et 24 septembre, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, Emmanuel Macron n’avait pas...

02 - Octobre - 2019

Crise politique majeure au Pérou entre le président et le Congrès fujimoriste

Mardi 1er octobre, les députés de la majorité parlementaire fujimoriste se sont présentés au Congrès, pourtant dissous la veille par le président...

30 - Septembre - 2019

Brexit : la montée de la violence verbale inquiète les responsables politiques

« Je n’ai pas peur des futures élections, j’ai peur d’être blessée ou même tuée. » Jess Phillips, députée, a...

30 - Septembre - 2019

A Hongkong, le rôle de la police en accusation face aux manifestants

Les 5 ans de la « révolution des parapluies », 28 septembre 2014, et les 70 ans du 1er octobre 1949 : deux anniversaires qui alimentent la colère de Hongkong, alors que...