Au Rwanda, l’opposante Diane Rwigara inculpée d’« incitation à l’insurrection »

04 - Octobre - 2017

La jeune femme, qui avait tenté de se présenter à la présidentielle d’août contre le président Kagamé, avait été arrêtée fin septembre.
Diane Rwigara le 20 juin 2017 à Kigali.
L’opposante rwandaise Diane Rwigara, 35 ans, qui avait tenté de se présenter à la présidentielle d’août face à l’homme fort du pays, Paul Kagamé, a été inculpée avec sa mère et sa sœur d’« incitation à l’insurrection », a-t-on appris, mardi 3 octobre, de source judiciaire.
Les trois femmes ont été formellement inculpées après avoir subi, selon les dires de Diane Rwigara, des interrogatoires quasi quotidiens au Centre d’investigation de la police rwandaise pendant les trois premières semaines de septembre, puis avoir été placées en garde à vue le 22 septembre.

« L’accusation a décidé de demander en justice la détention provisoire de Diane Rwigara, de sa mère Adeline Rwigara et de sa sœur Anne Rwigara », a déclaré à l’AFP Faustin Nkusi, un porte-parole du bureau du procureur.
Les trois femmes sont poursuivies pour « incitation à l’insurrection », selon la même source. Diane Rwigara est par ailleurs poursuivie pour « contrefaçon de documents » dans le cadre de sa tentative de candidature à la présidentielle du mois d’août alors que sa mère est poursuivie pour « pratiques sectaires ». Les accusations d’évasion fiscale, initialement évoquées par la police, n’ont finalement pas été retenues contre la famille Rwigara.

Dans une interview accordée à l’AFP la veille de son arrestation, fin septembre, Diane Rwigara avait dénoncé le caractère politique de ses ennuis judiciaires, ajoutant que la police lui avait confisqué ses papiers d’identité, ses ordinateurs et ses téléphones. « Je suis punie pour m’être levée contre l’oppression et dire ce que je pense », avait-elle déclaré.
La fortune du père
Le rejet de la candidature de Mme Rwigara par la Commission électorale, pour une question de procédure, avait été critiquée par des gouvernements occidentaux et des groupes de défense des droits humains.
M. Kagamé, crédité de l’important développement d’un pays exsangue au sortir du génocide de 1994, est régulièrement accusé de bafouer la liberté d’expression et de museler toute opposition. Il a été réélu le 4 août pour un nouveau mandat de sept ans avec près de 99 % des voix.

Diane Rwigara est la fille d’Assinapol Rwigara, un important entrepreneur rwandais qui avait fait fortune dans l’industrie et l’immobilier. Dans les années 1990, il avait largement financé le Front patriotique rwandais (FPR) de M. Kagamé avant que celui-ci ne renverse le pouvoir extrémiste hutu en juillet 1994, mettant fin au génocide.
Diane Rwigara avait pris ses distances avec le FPR après le décès de son père, en février 2015, dans un accident de la route, selon la police. Elle avait contesté cette version et dénoncé un « assassinat ». Selon son frère Aristide, installé aux Etats-Unis, le gouvernement tente, en s’en prenant à sa famille, de mettre la main sur la fortune de son père.

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