Au Tchad, des réfugiés espèrent être sélectionnés pour pouvoir enfin rejoindre la France
L’Office français de protection des réfugiés et apatrides a sélectionné 240 Centrafricains et Soudanais dans le cadre du plan d’accueil du président Emmanuel Macron.
Sur son maillot de foot, on ne voit que l’écusson de Chelsea, un club anglais. Ababar, 20 ans, en est gêné. Il aimerait tellement convaincre le représentant de la France que, avec Neymar en attaque, le PSG est l’un de ses clubs préférés… L’« instant foot » réveille un semblant de sourire chez le jeune Centrafricain et éclaircit l’air épais de poussière chaude.
Dans les bureaux où l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) s’est installé, entre le 23 et le 26 octobre, à N’Djamena, la capitale du Tchad, le cliquetis des claviers des officiers de protection et le ronronnement des climatiseurs accompagnent les récits des demandeurs d’asile.
Ababar vit au Tchad depuis quatre ans. Il raconte sa fuite de Bangui, son passage de la frontière à l’heure où, le 5 décembre 2013, les corps de son épouse et de son fils disparaissent dans le brasier de sa maison. Depuis, l’aide-maçon nourrit le rêve de pousser plus loin son exil. « J’ai personne ici. Pas d’avenir », résume-t-il, sans dévoiler ni éluder son envie de reprendre la route. Mais, bien sûr, s’il est sélectionné pour un des allers simples vers Paris offerts lors de cette première mission asile, ça arrangera tout.
Le recrutement de réfugiés africains qu’on vient auditionner sur leur continent est une première pour la France. Le 27 juillet, Emmanuel Macron, sachant impossible d’ouvrir dans l’immédiat des hot spots en Libye, avait annoncé l’organisation de « missions de protection dans les pays du Sahel ». Le sommet de l’Elysée du 28 août en a scellé le principe avec les présidents tchadien et nigérien.
Eviter les traversées de la Méditerranée
« Et, à peine deux mois plus tard, nous entendons les 240 premiers Soudanais et Centrafricains pour vérifier qu’ils remplissent les conditions d’octroi de l’asile », résume Christine (les officiers de protection doivent rester anonymes), la chef de cette mission de l’Ofpra.