Au Togo, une marée humaine dans les rues de Lomé à l’appel de l’opposition

07 - Septembre - 2017

Plus de 100 000 manifestants, selon Amnesty International, réclament les réformes constitutionnelles promises par le régime de Faure Gnassingbé depuis des années.
A Lomé, le 6 septembre 2017, manifestation de l’opposition pour des réformes constitutionnelles.
Une marée humaine de partisans de l’opposition a déferlé, mercredi 6 septembre, à Lomé et dans dix villes du Togo pour réclamer une alternance politique, dans un pays dirigé depuis 2005 par le président Faure Gnassingbé.
D’autres rassemblements sont prévus jeudi dans ce pays de 7 millions d’habitants à l’appel des principaux partis d’opposition.
Amnesty International a estimé à « au moins 100 000 » le nombre de participants dans la capitale, selon son directeur au Togo, Aimé Adi, joint par téléphone.
Lire aussi : Manifestations de l’opposition au Togo : le gouvernement joue l’apaisement
« C’est du jamais-vu, je pense qu’il y a plus d’un million de personnes à Lomé », a de son côté affirmé à l’AFP le chef de file historique de l’opposition, Jean-Pierre Fabre.
A Lomé, une foule déchaînée a brandi des pancartes et crié des slogans hostiles au régime de Faure Gnassingbé : « La dictature se nourrit du silence et de l’inactivité », pouvait-on lire sur l’une d’elles. « Les réformes, c’est des mensonges, on ne les croit plus. Si le peuple est décidé, rien ne peut l’arrêter, pas même l’armée », a assuré à l’AFP Armand Jarre, un manifestant de 26 ans.

Une grande partie de l’opposition togolaise (coalition de cinq partis Cap 2015, le Groupe des six et le Parti national panafricain, PNP, rejoints par plusieurs petits partis) avait appelé à l’unisson à de grandes marches sur deux jours.
Ils réclament des réformes constitutionnelles – limitation du mandat présidentiel et scrutin à deux tours – promises par le régime depuis des années et qui n’ont jamais abouti.
Mais, dans les rangs des manifestants, c’est la démission du chef de l’Etat « aujourd’hui même » qui était scandée.

« Porte ouverte »
Jean-Pierre Fabre a été acclamé par des milliers de personnes au rond-point Be-Gakpoto, épicentre des émeutes qui avaient fait des centaines de morts après l’élection du président Gnassingbé en 2005, année où il avait succédé à son père.
« On ne peut plus parler de Constitution, on ne peut plus parler de projet de loi, il est déjà trop tard. Aujourd’hui c’est une porte ouverte, s’ils ne sortent pas, demain ce sera le peuple qui entrera dans la maison », a déclaré M. Fabre à la foule rassemblée à la fin de la marche.
Une autre figure de proue de l’opposition, Tipki Atchadam, a affirmé que, « de mémoire d’homme, les Togolais ne sont jamais sortis aussi massivement à Lomé ».
« Demain la forteresse va tomber, nous sommes sur la dernière ligne droite », a dit le président du PNP sous les applaudissements, s’estimant « fier et heureux d’être togolais ».

A Lomé, le 6 septembre 2017, plus de 100 000 personnes, selon Amnesty International, sont descendues dans les rues pour réclamer des réformes constitutionnelles. Crédits : PIUS UTOMI EKPEI / AFP
Après les discours des leaders de l’opposition, les manifestants se sont dispersés dans le calme en se donnant rendez-vous jeudi pour de nouveaux rassemblements.
Le chef de l’Etat avait appelé mardi soir « la population au calme, à la sérénité et à la modération », redoutant de nouvelles violences après les manifestations du 19 août qui avaient fait au moins deux morts.

L’Internet mobile était toujours coupé dans la capitale togolaise en fin de journée, empêchant l’accès aux réseaux sociaux, selon des journalistes de l’AFP sur place.
Dans le nord du pays, à Sokodé, Dapaong et Kara notamment, plusieurs milliers de manifestants ont également défilé, selon Amnesty International et des témoignages d’habitants sur place.
« Attente forte de la population »
Le gouvernement avait tenté de jouer l’apaisement la veille des rassemblements en annonçant une réforme constitutionnelle concernant la « limitation des mandats et le mode de scrutin ».
Cet avant-projet de loi, adopté mardi en conseil des ministres, doit encore être validé par le Parlement, qui ne fera sa rentrée qu’en octobre. Mais son contenu reste flou.
« Nous avons constaté qu’il y avait une attente forte au sein de la population », a expliqué à l’AFP le ministre de la fonction publique, Gilbert Bawara, tout en invitant les opposants au « dialogue et au débat ».Le 6 septembre 2017, plus de 100 000 Togolais, selon Amnesty International, ont manifesté à Lomé et dans d’autres villes du pays pour réclamer les réformes constitutionnelles promises par le gouvernement depuis des années.
La limitation à deux mandats présidentiels, dont le principe semble acquis, ne sera en revanche pas rétroactive. « Il n’y a pas de raison législative de le faire (…). Mais nous avons besoin d’un consensus pour que cette réforme soit acceptée », soit les quatre cinquièmes des votes au Parlement, a-t-il précisé.
La main tendue du gouvernement et de la présidence n’aura pas suffi à décourager l’opposition.
Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma qui a dirigé sans partage le pays pendant trente-huit ans avec l’appui de l’armée, ce qui avait entraîné de violentes manifestations et une féroce répression. Faure Gnassingbé a été réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.

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