Aux Etats-Unis, l’embellie salariale profite d’abord aux plus pauvres
Les salaires augmentent enfin, et ce sont les plus bas qui progressent le plus. Après trente ans de croissance des inégalités, un frémissement a-t-il lieu dans l’Amérique de Donald Trump ? Oui, si l’on en croit les chiffres publiés par la Réserve fédérale d’Atlanta. En mars, les salaires annuels avaient augmenté de 3,5 % sur douze mois, (avec une inflation d’environ 1,6 %), mais ce sont les salaires du premier quartile (les 25 % les plus bas) qui ont progressé le plus : 4,4 % sur un an.
Cette tendance, engagée en 2015, s’est amplifiée récemment. « Les gains les plus récents vont à ceux qui en ont le plus besoin », se réjouit le New York Times. Le phénomène avait déjà été constaté par Jason Furman, ancien conseiller économique de Barack Obama : les salaires les plus faibles progressent plus vite que sous l’ère Clinton. Qui en est responsable : le « smic », les entreprises ou Donald Trump ?
En apparence, le salaire minimal est bloqué au niveau fédéral à 7,25 dollars (6,48 euros) depuis juillet 2009 et n’a pas été augmenté depuis, ce qui signifie une perte de pouvoir d’achat d’environ 16 %. Mais ce plancher, qui concernait il y a trente ans les deux tiers des smicards américains, n’en touche plus qu’un sur dix. En effet, vingt-neuf Etats et de nombreuses villes ont décidé de l’augmenter progressivement. Bernie Sanders, le sénateur indépendant du Vermont, s’était fixé pour objectif 15 dollars dans sa campagne présidentielle pour 2016. Ce chiffre a été atteint à New York et dépassé à Seattle (16 dollars). Selon l’Economic Policy Institute (EPI), entre 2013 et 2018, les 10 % de salariés les moins bien payés ont vu leur salaire augmenter de 13 % dans les Etats ayant relevé le « smic » contre 8 % dans ceux qui s’y sont refusés.