Aux Pays-Bas, Wilders domine la campagne des législatives
Aux Pays-Bas, Wilders domine la campagne des législatives
Le leader d’extrême droite, inspiré par Donald Trump, est le favori des législatives du 15 mars, sans être assuré de former un gouvernement.
Peter, contremaître au port de Rotterdam, a une famille dont il se dit « très fier » et des projets de vacances en Ardèche. La politique ? « Bof… J’ai longtemps voté PvdA [Parti du travail, social-démocrate]. Mais, quand j’ai commencé à travailler avec des types qui priaient cinq fois par jour, je me suis dit que nous étions dans un pays trop tolérant et j’ai commencé à m’interroger sur cette religion. Et à m’en méfier ! »
Samedi 18 février, Peter est donc venu au marché de Spijkenisse pour voir Geert Wilders, l’homme qui, dit-il, lui a « ouvert les yeux » sur « l’islam et ses dangers ». Le chef du Parti pour la liberté (PVV) faisait, dans cette cité de la communauté urbaine de Rotterdam, l’une de ses rares apparitions publiques avant les élections législatives du 15 mars, présentées comme décisives pour l’avenir des Pays-Bas.
Pour l’occasion, la ville décrite par M. Wilders comme le « berceau » de sa formation est sens dessus dessous. Devant des dizaines de reporters, une foule est venue saluer « notre Geert ». Policiers et gardes du corps sont sur les dents et le leader d’extrême droite se contentera de parcourir 300 mètres sous les vivats et les huées avant de disparaître. Au passage, il dénonce la « racaille marocaine ». En décembre 2016, M. Wilders avait été condamné pour incitation à la discrimination après des propos sur les Marocains.
L’épisode « Zwarte Piet »
« Ce que n’aiment pas ces gens, dit Peter, fâché par quelques opposants qui invectivent Geert Wilders, c’est qu’il ose parler des vrais problèmes. Notre culture, notre tradition, notre Zwarte Piet par exemple. » L’épisode de « Pierre le Noir » ou Père Fouettard, cet assistant de Saint-Nicolas, peau noire et lèvres rouges, est étrangement devenu l’un des éléments le plus symboliques du débat autour de l’identité néerlandaise, au cœur de cette campagne qui démarre lentement et semble tourner exclusivement autour de M. Wilders et de son programme.
Depuis 2014, le grand saint, patron des enfants sages, n’a plus d’assistant noir, mais est escorté par « Pierre Fromage », au visage jauni : un organe officiel a jugé que la figure de Zwarte Piet véhiculait un stéréotype raciste. Mais à la Deuxième Chambre de La Haye, la chambre basse du Parlement néerlandais, le PVV a déposé un texte visant à inscrire dans la loi le caractère intangible du personnage.