Avec le réchauffement climatique, la culture du sorgho s’implante en Europe
Cette année, Ferenc Kardos a semé 300 hectares de sorgho à la place du maïs. De la grande plaine hongroise où il habite jusqu’au sud-ouest de la France, cette céréale des pays chauds prend racine dans les champs européens.
« En maïs, nous avons eu des pertes trois ans sur cinq en raison de la sécheresse », explique à l’AFP M. Kardos, chef de culture dans une exploitation sans irrigation de 3 000 hectares au sud de la Hongrie. L’immense bassin des Carpates, de plus en plus exposé à des températures extrêmes, cherche à adapter ses cultures au réchauffement climatique. « Si nous devons perdre de l’argent, autant en perdre avec quelque chose qu’on ne connaît pas bien, et on verra ce qui arrive, explique ce technicien. Le maïs, nous en connaissons les risques désormais. »
Le sorgho est la cinquième céréale mondiale derrière le maïs, le riz, le blé et l’orge. Domestiqué il y a plusieurs millénaires dans le Sahel, de la même famille que le mil ou le millet, il consomme 30 % moins d’eau que le maïs et résiste mieux aux sécheresses. Peu exigeante en engrais grâce à son aptitude à puiser l’azote du sol via un réseau racinaire profond et très développé, la plante remplit ses panicules de grains même sous des températures élevées.
Cultivé depuis l’après-guerre
Le sorgho est loin d’être inconnu en Europe où il est cultivé depuis l’après-guerre, mais à 99 % pour l’alimentation animale. Alors qu’en Afrique et dans les régions les plus pauvres du monde, il est l’une des principales denrées alimentaires, sous forme de farine, de semoule ou même de bière, selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. En Afrique, le Nigeria et le Soudan sont les principaux pays producteurs. L’Union européenne n’en produit que 750 000 tonnes par an, sur quelque 60 millions de tonnes récoltées sur la planète.