Baisse des tensions politico-religieuses, rapprochements inattendus...: la « médiation post-mortem » d’Al Makhtum
Baisse des tensions politico-religieuses, rapprochements inattendus...: la « médiation post-mortem » d’Al Makhtum
La disparition du Guide de la Tidjania, Serigne Cheikh Tidjane Al Makhtum, a brusquement fait baisser la tension qui sévissait dans nos murs, exacerbée par le mandat de dépôt de Khalifa Sall Maire de Dakar.
La République, endeuillée et triste, a recouvré néanmoins son unité autour de ce guide religieux très engagé. On s’attendait à des réactions de chefs religieux suite à ce qui nous a paru comme une brèche dangereuse dans laquelle s’engouffrait notre pays qui est loin d’être à l’abri des chaos connus ailleurs en Afrique. Al Makhtum a parlé, à sa manière. Sa disparition, dans ce contexte, va faire réfléchir plus d’un et ne manquera pas d’agir comme catalyseur d’une osmose autour de l’essentiel.
Déjà, le Président Macky Sall, arrivé hier à Tivaouane, a été accueilli par l’un des fils du défunt, Serigne Moustapha Sy, par ailleurs guide des Moustarchidines, qui n’avait pas hésité à prédire son séjour carcéral si jamais le Maire Khalifa Sall était emprisonné. Mais, depuis lors, son silence sur les événements à la Mairie de Dakar s’expliquait certainement par l’état de santé dégradant de son défunt père.
En conséquence, le simple fait qu’il y ait accueilli et reçu par le Président Sall, sous la bénédiction de son oncle, le porte-parole de la famille, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, en dit long sur l’onde de choc créé par la disparition brutale du Chef religieux. L’heure est alors aux prières, à la méditation sur sa vie, son œuvre. Et la Nation toute entière ne va pas rater l’occasion de se donner la main pour méditer dans ces moments de deuil où tout le reste devient secondaire. La preuve, Serigne Moustapha, comme l’appellent ses nombreux disciples, s’est rapproché de son oncle Al Amine. La famille Sy s’est réunie dans une communion autour du patriarche. Une autre magie de Serigne Cheikh qui aura, ainsi, réussi sa dernière mission, faire en sorte que les frères de sang, de religion se donnent la main. Bien sûr, la communauté chrétienne n’a pas été en reste. Elle a exprimé sa tristesse et a prié pour un défunt qualifié d’homme de savoir et de vérité.
Certes, cela ne va certainement arrêter la machine judiciaire décidée à entendre Khalifa et consorts dans le fond peut-être aujourd’hui, mais, la magie de l’instant peut amener les différents acteurs à moins envisager les échéances électorales à venir en méditant sur le caractère éphémère de la vie et sur le fait que l’exemplarité d’hommes de la trempe de Serigne Cheikh, mérite que chacun se remette en cause afin de voir en l’autre, un frère, qui, de temps en temps, par le fait du jeu politique, peut devenir un adversaire.
En tout cas, le défunt marabout a donné, tout au long de sa vie, l’exemple de la nécessaire implication des hommes de Dieu dans la sphère politique par un engagement sincère et patriotique. Personne n’a le droit de brûler ce pays par des calculs machiavéliens au nom de la poursuite de ses ambitions. Serigne Moustapha a fait preuve de grandeur et de dépassement en acceptant de recevoir le président Sall, à lui de faire de même pour ne pas l’amener à revêtir ses habits de combattant politique pour la libération de Khalifa Sall, une promesse qu’il a publiquement formulée. A ce propos, nous faisons largement confiance au nouveau guide des Tidjanes, Al Amine, qui a la dextérité, l’entregent, le charisme et l’expérience pour cela.
Ce pays a besoin de paix et de l’unité de ses fils afin de réaliser les idéaux de développement et d’épanouissement physique et moral du plus grand nombre. On ne peut rien contre la mort, mais on peut lutter contre les ambitions et les égos surdimensionnés, souvent sources de nos déboires. La balle est alors dans le camp d’Al Amine que la disparition de son frère offre l’occasion de laisser à la postérité, un califat exceptionnel au profit d’un pays uni et stable.
Nos condoléances à tous.