Bataille pour la direction des affaires politiques au Quai d’Orsay

13 - Juin - 2019

Une femme va-t-elle pour la première fois occuper la direction des affaires politiques, la plus prestigieuse des onze directions d’administration centrale du ministère des affaires étrangères ? Jamais une diplomate – sinon pour un intérim de quatre mois en 1991 – ne s’est installée à ce poste-clé. Car c’est là qu’avec le ministre et son cabinet s’élabore, en liaison avec l’Elysée, la diplomatie tricolore sur les dossiers les plus sensibles, à commencer par les questions stratégiques.
C’est l’un des enjeux symboliques du grand mouvement diplomatique qui doit, d’ici à l’été, remplacer des directeurs et des directrices, ainsi que les titulaires arrivés au terme des trois ou quatre ans de leur mission, de quelque 64 postes soit plus du tiers des 162 ambassades et 16 représentations diplomatiques françaises.
Le ministère des affaires étrangères veut rattraper son retard et faire davantage de place aux femmes dans les plus hauts postes
Deux candidats restent finalement en lice, Hélène Duchêne et Philippe Errera. Tous deux semblent parfaitement qualifiés pour le poste. La première vient de rentrer de Bruxelles où elle représentait la France à l’OTAN après avoir été directrice des affaires stratégiques au Quai d’Orsay. Le second, lui aussi diplomate, n’a jamais été ambassadeur, mais il dirigea les affaires stratégiques à la défense. Atlantiste assumé et néoconservateur à la française, il est le fils de Gérard Errera qui fut l’un des poids lourds du Quai d’Orsay.

Le duel n’en est que plus acharné à l’heure où le Quai d’Orsay veut rattraper son retard et faire davantage de place aux femmes dans les plus hauts postes. Mais les résistances restent fortes au sein du ministère, alors même qu’il y a beaucoup moins de postes d’ambassadeur ou de direction à pourvoir que de hauts fonctionnaires à même d’y prétendre.
Chacun des deux prétendants mobilise ses réseaux au sein du ministère mais aussi à l’Elysée. Prévue pour début juin, la nomination traîne encore. La décision finale appartient au seul chef de l’Etat et s’annonce délicate. « Il n’est pas toujours le meilleur des DRH et, sur de tels sujets, il prend toujours son temps », soupire un diplomate. Ce d’autant plus que l’Elysée saisit très bien la portée symbolique du choix qui sera fait.
« Diplomatie féministe »
Emmanuel Macron assure vouloir faire de l’égalité hommes-femmes l’une des priorités de son quinquennat. La secrétaire d’Etat chargée de ce portefeuille, Marlène Schiappa, avait évoqué aux côtés du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, l’idée « d’une diplomatie féministe », notion pour le moins vague. Mme Schiappa n’en a pas moins encore rappelé, dans une lettre en date du 27 mai, à l’association Femmes et diplomatie, que « l’Etat se doit lui-même d’être exemplaire » et que, « malgré les efforts, la féminisation de la haute fonction publique reste trop faible ».

Autres actualités

16 - Avril - 2020

En Israël, Benny Gantz échoue à former un gouvernement d’union avec Nétanyahou

Israël marche-t-il en somnambule vers de quatrièmes élections législatives en à peine plus d’un an ? Cette perspective se fait plus concrète, alors...

16 - Avril - 2020

Coronavirus : en Islande, une campagne de tests massive sur la population

L’Islande n’a pas été épargnée par la pandémie de Covid-19. Ce pays insulaire de 364 000 habitants disposant d’une unique porte...

15 - Avril - 2020

En Afrique du Sud, « si les flics te trouvent à boire dehors, tu peux être sûr de prendre une raclée »

Courbée sous le poids des années, la silhouette de Mama Sipiwe arpente lentement les rues de Soweto. Semblable a tant d’autres en quête de victuailles en ces temps de...

15 - Avril - 2020

Devenu le visage de la lutte contre le coronavirus, le ministre de la santé brésilien au bord du limogeage

« Un médecin n’abandonne pas son patient », répétait à l’envi ces dernières semaines Luiz Henrique Mandetta. Pourtant, mercredi 15...

10 - Avril - 2020

Lars Tragardh : « La Suède lutte contre la pandémie due au coronavirus à travers la “liberté sous responsabilité” »

L’historien suédois Lars Tragardh a vécu une quarantaine d’années aux Etats-Unis, où il a enseigné à l’université Columbia,...