Bolivie : les erreurs d’Evo Morales
L’élection d’Evo Morales à la tête de la Bolivie fut, en 2006, un événement historique sans précédent. Pour la première fois, un indigène accédait à la fonction suprême dans un pays jusque-là dirigé sans partage par une élite minoritaire. Le nouveau président tint assez rapidement ses promesses, grâce à un certain nombre de mesures économiques et sociales spectaculaires. Sous la présidence Morales, la pauvreté a été divisée par deux, l’analphabétisme et les inégalités ont reculé, le PIB a connu une hausse constante.
Ce président progressiste n’a malheureusement pas résisté à la tentation autoritaire. C’est cette dérive politique qui lui a valu d’être chassé de son pays, qu’il a fui mardi 12 novembre pour se réfugier au Mexique.
Le Mouvement vers le socialisme (MAS) d’Evo Morales avait fini par concentrer tous les pouvoirs, ignorant la classe moyenne urbaine et la jeunesse. Le président lui-même a commis une erreur majeure en 2016, lorsqu’il a décidé de ne pas tenir compte du « non » au référendum, pourtant organisé de sa propre initiative, pour pouvoir se présenter à un quatrième mandat, interdit par la Constitution.
Risque d’un désastreux retour en arrière
Les soupçons de fraude qui ont pesé sur le résultat de l’élection présidentielle du 20 octobre, avant même la tenue du scrutin, étaient dès lors inévitables. Face à la révolte citoyenne qui a éclaté, Evo Morales a redoublé d’arrogance, cherchant à mobiliser sa base et s’autoproclamant victorieux. Le rapport de l’Organisation des Etats américains (OEA), qui a confirmé de « graves irrégularités », a donné le coup de grâce. C’est le moment qu’a choisi la hiérarchie militaire pour demander au président de démissionner, afin de « permettre le retour de la stabilité » en Bolivie, comme aux heures les plus sombres des coups d’Etat militaires d’Amérique latine.