Brexit : en finir avec un mauvais feuilleton
Pirouettes, volte-face et coups de Trafalgar. En trois ans et demi, le Brexit a donné lieu à d’innombrables rebondissements, au point que le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne oscille entre vaudeville et psychodrame. Le « Super Saturday » programmé par Boris Johnson, samedi 19 octobre, devait marquer la fin de cet interminable et lamentable feuilleton. Le débat parlementaire organisé en urgence, un samedi pour la première fois depuis la guerre des Malouines en 1982, moins de quarante-huit heures après la publication du nouvel accord de séparation, devait permettre au premier ministre de concrétiser par un vote éclair l’élan né d’une négociation à l’arraché avec l’Union européenne (UE).
Las, 322 députés (contre 306) ont douché les espoirs de M. Johnson en adoptant l’amendement Letwin, qui suspend le vote parlementaire sur l’accord, jusqu’à ce que la loi destinée à le transposer dans le droit britannique ait été approuvée. Ce faisant, par le jeu de la loi Benn, elle aussi imposée à M. Johnson par Westminster, ils ont contraint le premier ministre à solliciter un report de la date butoir du Brexit fixée par l’UE au 31 octobre, une échéance qu’il a juré de ne pas dépasser. Pour souligner son désaccord, il a adressé à Bruxelles une sèche demande de report non signée, accompagnée par une lettre paraphée et aimable manifestant son refus du même report qui, selon lui, « nuirait » à la fois au Royaume-Uni et à l’Europe.
A dix jours de l’échéance fatidique, le paysage politique britannique a atteint un summum de confusion, qui marque un nouveau et inquiétant degré dans la dégradation de la plus vieille démocratie du monde. Le premier ministre contredit officiellement le Parlement, qui, de son côté, confirme son incapacité à sortir du conflit politique qui paralyse le pays.