Brexit : entre Emmanuel Macron et Angela Merkel, les nerfs à vif
Les divergences entre la France et l’Allemagne n’ont rien d’exceptionnel. A force de concertations, pourtant, les deux pays réussissent généralement à sauver les apparences à Bruxelles et à forger l’embryon d’un consensus européen. Cela n’a pas été le cas, mercredi 10 avril, lors du conseil extraordinaire consacré à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Cette fois, le désaccord entre Paris et Berlin s’est affiché au grand jour, Emmanuel Macron et Angela Merkel n’étant pas parvenus à trouver un compromis lors de leur traditionnelle entrevue bilatérale à leur arrivée à Bruxelles. Celle-ci fut d’ailleurs inhabituellement brève : moins d’une demi-heure.
Faute d’accord préalable avec la chancelière allemande, le président français s’est ensuite retrouvé très seul autour de la table du Conseil. Selon une source officielle européenne, seuls les dirigeants belge, espagnol, luxembourgeois et maltais ont ainsi défendu son idée de ne pas reporter la date du Brexit au-delà du 21 juin, dix-sept autres Etats membres de l’UE, l’Allemagne en tête, plaidant pour une extension longue, jusqu’au 31 décembre, à l’instar de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, et de Donald Tusk, celui du Conseil.
Au final, si les Vingt-Sept se sont accordés sur la date du 31 octobre, la réunion de mercredi a surtout donné l’image d’un M. Macron très isolé, Mme Merkel ayant, à l’inverse décidé de surjouer sa complicité avec la première ministre britannique, Theresa May, allant jusqu’à l’aborder, hilare, un iPad à la main, au tout début de la réunion…
Pendant les discussions, qui ont duré quatre heures, M. Juncker, pourtant allié de M. Macron sur bien des dossiers jusqu’à présent (budget de l’eurozone, révision de la directive sur les travailleurs détachés), a même eu un mouvement d’humeur, selon un diplomate.