Comment le président Petro Porochenko a déçu les espoirs de la révolution ukrainienne

21 - Mars - 2018

L’enlisement de la lutte anticorruption irrite les alliés occidentaux du président Porochenko, et ses électeurs.
Célébration des 4 ans de la révolution ukrainienne, sur la place Maïdan, à Kiev, le 21 février. Sadak Souici / Le Pictorium / MAXPPP

Dans le centre de Kiev, la Bankova, le siège de l’administration présidentielle ukrainienne, prend de plus en plus des airs de camp retranché. En ce début de printemps, les hommes du président ne craignent pas tellement les manifestations sporadiques qui se déroulent quelques centaines de mètres plus bas, sur la place de l’Indépendance, où a débuté quatre ans plus tôt la révolution de Maïdan. La bataille du moment est souterraine : elle met aux prises Petro Porochenko, le président porté au pouvoir par cette révolution, et ses partenaires occidentaux.
En jeu, la création d’une institution nouvelle, la Cour spéciale anticorruption. Les données du problème sont simples : l’Ukraine a fait des progrès dans la traque des fonctionnaires et des élus véreux, notamment grâce au travail du Bureau national anticorruption (NABU). Mais les enquêtes de cette institution aux vastes pouvoirs d’investigation, créée en 2015, finissent enlisées dans les tribunaux. Début décembre 2017 a ainsi débuté à Kiev le procès de l’ancien directeur de l’administration fiscale, Roman Nasirov. « La cour a d’emblée annoncé qu’elle allait lire les 700 pages de l’acte d’accusation, ce qu’elle n’est pas obligée de faire, relate la journaliste d’investigation Kristina Berdynskykh. Au rythme des audiences, il y en a pour deux ans. »
Petro Porochenko a commencé par s’opposer fermement à l’idée de cour anticorruption. Mi-septembre 2017, devant un parterre d’étrangers réunis pour le Yalta European Strategy Forum, à Kiev, il a pris à témoin l’assistance : « Dans lequel de vos pays y a-t-il une cour similaire ? Elles n’existent qu’en Ouganda, au Kenya ou en Malaisie. » Au nom de la souveraineté, le président ukrainien ne se laisserait donc pas dicter sa conduite. Sauf que les Occidentaux ont fait monter les enchères et, selon une méthode désormais bien rodée, gelé le versement d’une nouvelle tranche d’aide financière attendue par Kiev.

Autres actualités

12 - Juin - 2018

Acquitté par la CPI, le Congolais Jean-Pierre Bemba pourrait être libéré aujourd’hui

La chambre d’appel de la CPI a considéré que sa responsabilité dans les atrocités perpétrées par sa milice en Centrafrique n’avait pas...

11 - Juin - 2018

« La rencontre entre Trump et Kim Jong-un n’a rien à voir avec le voyage de Nixon en Chine en 1972 »

L’historien Pierre Grosser, spécialiste de l’Asie, explique dans une tribune au « Monde » que le président américain donne un statut à la...

11 - Juin - 2018

Ebola en RDC : « Les foyers sont désormais repérés et sous étroite surveillance »

Le ministre congolais de la santé, Oly Ilunga, revient sur les conditions de la riposte coordonnée par le gouvernement avec l’OMS et MSF. Le docteur Oly Ilunga, ministre...

09 - Juin - 2018

Sourires et tensions au sommet du G7

Le président des Etats-Unis a déclaré que la Russie, exclue du G8 à la suite de son annexion de la Crimée, devrait être présente « à...

09 - Juin - 2018

La zone industrielle de Kaesong, symbole des relations entre les deux Corées

Exploité en commun par Séoul et Pyongyang entre 2004 et en 2016, le site est en sommeil. Les entrepreneurs sud-coréens du complexe espèrent y retourner à la...