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CONDITIONS DE TRAVAIL PENIBLES, PUANTEUR, INJURES, MEPRIS, MANQUE DE RESPECT ET DE CONCIDERATION IMMERSION DANS LE QUOTIDIEN DES EBOUEURS

12 - Août - 2017

Ils sont méprisés, injuriés. Certains les rejettent du fait de la «puanteur» inhérente à leur métier. Pourtant ils jouent un rôle important dans la lutte contre des maladies et autres vecteurs nuisibles à la santé. Il, ce sont ces nombreux garçons et filles, hommes et femmes qui exercent le métier d’éboueur. Ils sont indispensables dans le secteur du ramassage des ordures ménagères, pour maintenir nos maisons, quartiers, communes, villes, et, au-delà, le pays propre et salubre. Dans la commune de Diamaguene Sicap-Mbao, plus particulièrement à Thiaroye Azur, en banlieue dakaroise, ces éboueurs sont visibles au niveau des routes principales, des artères et des ruelles des quartiers. Malgré toutes les difficultés qu’ils rencontrent, ces infatigables rendent, chaque jour, la ville propre. Ils bravent le chaud soleil, la pluie et le vent, au service des populations, leur mission étant d’assurer la propreté de la ville.

«Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens». Cette assertion peut s’appliquer aux éboueurs. A 8 heures déjà commence leur travail. Le chef de poste vérifie si tout le personnel est en place. Le chauffeur du camion de ramassage des ordures, quant à lui, vérifie son matériel roulant pour s’assurer qu’il n’y a pas de panne avant de prendre départ. Chaque camionneur ayant un circuit à couvrir.

Identifiables par leurs tenues de couleur verte ou orange, dans les rues de Diamaguene Sicap-Mbao, avec leurs gants, ils se trouvent souvent au niveau des points de collecte, suivent des camions qu’ils chargent, respirent l’odeur nauséabonde des déchets sans aucun masque de protection (au nez).

En quittant le point de départ, l’esplanade de Sicap-Mbao, les camions sillonnent les quartiers alentours que sont Diamaguene, Diacksao, Sips, puis repassent par le point de départ pour enfin terminer leur course à Thiaroye Azur et les cités qui le composent. De loin, on entend les klaxons. Ils sont uniques. Oups ! Hommes, femmes et enfants accourent leurs poubelles, seaux, sachets et autres sacs en main, pour y déverser leurs contenus. C’est la ruée vers le camion. De la bousculade, il y en a parfois, pour se débarrasser des déchets.

«PERSONNE N’AIME CE METIER, MAIS…»

C’est dans une telle ambiance que ces ramasseurs d’ordures font leur travail, renversant les poubelles dont les contenus se retrouvent dans le camion sans problème. Des fois même des contenants passent tout simplement pour des ordures dont il faut se débarrasser. N’en déplaise au propriétaire du sac, sachet ou seau puant. Malgré toutes ces contraintes, ce métier est choisi par certains. Babacar Mbaye, un jeune éboueur qui a préféré abandonner son travail (il ne dit pas quel travail) pour s’aventurer dans le ramassage d’ordures est de ceux-là. Bien dans sa tenue verte, il ne se plaint pas comme travailleur journalier. «Alhamdoulillah, je parvient à subvenir à mes besoins grâce à ce métier car ma mère et mes sœurs comptent sur moi. Et je prie pour être embouché», espère-t-il. Le quotidien de Babacar est presque identique à celui d’Oumar Diao qui n’éprouve aucune honte ni complexe de ce qu’il fait. Embouché depuis plus de 20 ans, expérimenté dans son domaine, Diao âgé de 45 ans n’a pas choisi ce métier, même s’il ne sait rien faire d’autres que ramasser des ordures. Mais comme, on le dit souvent, personne ne peut échapper à son destin. «Personne n’aime ce métier, mais c’est Dieu qui en a décidé ainsi, donc je me contente de ça».

LE BUSINESS DANS LES DECHETS

Il ne suffit pas seulement de ramasser des ordures, mais de les triés pour espérer y gagner quelque chose. C’est ainsi que des éléments récupérés se retrouvent dans… les ménages, pardon le marché. C’est une sorte de business entretenu dans le ramassage d’«or dure». En effet, des bouteilles, des canettes, des sacs (vides) de riz sont mis à part dans un gros sac accroché derrière les camions. Ces éléments récupérés sont revendus aux ferrailleurs et au Baol-Baol (appellation des habitants de la région de Diourbel/Sénégal) à Thiaroye-Gare.

Dans ce marché, le kilogramme des canettes (vides) varie entre 200 et 250 F Cfa. Les sacs et les bouteilles se vendent 20 à 25 F Cfa l’unité. Collectionneurs qu’ils sont, ils font ces marchés pour gagner plus d’argent. Pour ne laisser aucune chance aux recycleurs (ou boudjoumanes) qui se trouvent, en général, à la décharge de Mbebeuss, dépotoir des ordures qui se situe à Malika (banlieue dakaroise). «On récupère des déchets métalliques et sacs pour les revendre et avoir quelques choses en retour. Les gens les recyclent», explique Oumar Diao.

UN QUOTIDIEN FAIT DE MANQUE DE RESPECT

Le respect est réciproque ! Tel n’est pas le cas de chez les ramasseurs d’ordures. Souvent, sur le terrain, ils sont victimes d’injures. En effet, ils conseillent aux femmes de bien organiser les ordures dans différents sachets, procéder au tri en amont pour atténuer l’odeur nauséabonde. Mais ces dernières ne respectent pas ces consignes car elles entassent les déchets comme elles veulent, ce qui donne un mélange indescriptible. «Des femmes sont souvent impolies. Quand tu parles avec elles, elles te dépassent, raison pour laquelle maintenant je me tais», déclare Mamadou Barry.

Même chose que déplore cette dame, pelle et balai à la main, vêtu d’une blouse verte. Recrutée par une entreprise de la place, Rokhaya Faye, la quarantaine, fait partie de ces femmes et hommes qui se lèvent très tôt le matin pour servir les citoyens. Mère de famille, elle passe toute la journée à ramasser des ordures au rond-point de Sicap-Mbao. S’activant aux alentours de l’hôpital de la commune tout en sueur, elle affirme qu’elle est fière d’exercer ce métier qu’elle considère comme tout autre (métier). Cependant, elle déplore le comportement de certains citoyens à leur égard. «Les gens ne nous respectent pas. Malgré, les efforts consentis. Il suffit qu’on tourne le dos pour qu’ils salissent la surface qui est déjà propre», déclare-t-elle. En plus de cette indiscipline, elle dit être victime d’injures de la part de certains passants. «Nous ne demandons que du respect. Parce que nous exerçons un métier comme tout autre», plaide-t-elle. Même si toutes les conditions d’hygiène ne sont pas réunies. Car ils ne bénéficient même pas de détergents ou produits antiseptiques pour se protéger des microbes. C’est dans ces conditions qu’ils travaillent tous les jours pour la propreté de la commune et des quartiers environnants.

PRISE EN CHARGE EN CAS DE MALADIE

Selon Oumar Diao, l’entreprise dans laquelle il travaille dispose d’une mutuelle de santé. S’il est malade ou un membre de sa famille, il le conduit à l’hôpital pour consultation. C’est ainsi que l’entreprise prend à moitié les frais du malade. Mais tel n’est pas le cas chez tous les travailleurs du nettoiement. En effet, certains déplorent les salaires de misère par rapport au travail fourni. Ces éboueurs veulent plus de considération et plus de respect au sein de la société. Ainsi que des équipements complets pour plus d’assurance. Rappelons que leur journée de travail débute à 8 heures et continue jusque vers 15 heures pour certains et d’autres travaillent le soir.

THIAROYE AZUR - RUES ETROITES ET INACCESSIBLE POUR LES CAMIONS : La cité Sepco développe un autre système de ramassage d’ordures

Des tas de déchets qui sont généralement enveloppés dans des sacs de riz et autres sacs plastiques sont généralement déposé à deux ou trois coins à la sortie de la cité pour permettre aux ramasseurs d’ordures qui sont derrières les camions de faire leur travail. D’où proviennent ces tas de déchets et comment repèrent-on ces coins de la cité ? Ils viennent généralement de Sepco, une cité qui se trouve à Thiaroye Azur. Ses rues sont un peu étroites pour qu’un grand camion accède à ce quartier. C’est la raison pour la quelle le GIE AAR de la cité a fait appel à ces personnes pour le retrait des ordures des domiciles pour les déposer au niveau de ces coins de la cité aménagés à cet effet.

Ce système de ramassage d’ordures initié à la Sepco règle le problème des habitants de la cité. Toutefois, selon cet éboueur, dans les maisons, le travail n’est pas facile, même ce n’est pas tous les jours. «On vient sortir les déchets chaque deux jours chez certains habitants de la cité», explique ce ramasseur vêtu en jeans et tee-shirt avec un masque de protection à la main, sous couvert de l’anonymat. C’est un travail qui n’est pas facile, renseigne-t-il, lui qui s’active dans ce domaine depuis un bout de temps.

C’est un groupe de personnes qui vient tous les deux jours, à 8 heures du matin, frapper à la porte des maisons pour liquider les déchets. Mais ils sont victimes d’injures et de manques de respect par certains habitants de cette cité. «On fait notre travail le matin. Mais, à chaque fois qu’on frappe à la porte d’une maison, on nous dit: «vous dérangez, il fait tôt», dit-il. Même s’ils reconnaissent qu’ils sont un peu matinal, mais c’est le travail qui le demande et il faut venir un peu tôt avant que le camion de ramassage ne passe sans pour autant sortir les déchets. Avec tout ce travail fourni, ces éboueurs de la cité gagnent. «On nous paie 1500 F Cfa par mois pour chaque maison. Ce n’est pas beaucoup, mais, heureusement, on n’a pas que cette cité» à gérer, déclare-t-il.

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