Coronavirus : à Abidjan, la banqueroute des patrons de l’informel

08 - Mai - 2020

A la recherche d’un amortisseur, Moussa Sidibé se contorsionne pour s’enfoncer dans sa boutique, une caverne d’Ali Baba pour véhicules japonais. S’y entassent depuis des années les rouages de tous les modèles nippons.

A la Casse d’Abobo, immense quartier du nord d’Abidjan totalement dédié aux pièces détachées, le vieil homme à la barbe sage est une référence, un patron respecté. « Je reviens de Dubaï où je suis allé passer commande pour des clients », souligne-t-il, fier. Pourtant, ces derniers temps, les affaires vont mal. Malgré sa renommée, Moussa n’a gagné « que 250 000 francs CFA » (quelque 380 euros) en avril, quatre à six fois moins que d’habitude.

M. Sidibé et ses cinq employés travaillent dans l’économie informelle. Il ne déclare rien à l’Etat, juste la « patente », un petit impôt communal pour son activité. Le monde formel, ses taxes et cotisations lui coûteraient trop cher. Alors, chez lui, tout se fait de main à main ou au téléphone, sans facture ni trace.

Ils sont des millions comme lui à contourner bon gré mal gré l’économie formelle. D’après une enquête publiée en 2016 par la Direction générale de l’emploi, le secteur informel représente plus de 93 % de l’emploi ivoirien, un taux élevé qui cache un système pluriel. « Il faut en distinguer deux types d’informel », explique Jean-Luc Konan, le PDG de la Compagnie financière en Afrique (Cofina), une institution qui accompagne notamment ces entreprises de l’informel.
Entre 30 à 40 % du PIB national

« Il y a celui que l’administration peut identifier grâce à des formes de fiscalité locale que sont la licence ou la patente, et celui qui échappe à toute forme de fiscalité et dont l’existence même n’est pas connue de l’administration », poursuit le banquier ivoirien. Selon le FMI, les secteurs informels dans leur ensemble contribuent entre 30 à 40 % du PIB national.

Si Moussa Sidibé gagne bien moins qu’avant, c’est parce qu’Abidjan est isolée du reste du pays depuis le début de la pandémie pour éviter que le reste du territoire ne soit trop touché. Or, presque tous les clients de l’échoppe vivent à l’intérieur du pays. A Yopougon, la plus grande commune de l’ouest d’Abidjan, le ralentissement de l’économie et de la vie frappe les yeux.

Autres actualités

26 - Octobre - 2019

En Irak, manifestations pour « la chute du régime » après une nuit de feu et de sang

Les forces de sécurité irakiennes tentaient, samedi 26 octobre, de venir à bout de nouvelles manifestations, à Bagdad et ailleurs en Irak, qui réclament «...

25 - Octobre - 2019

Brexit : le chantage aux élections de Boris Johnson pour sortir de l’impasse

Brexitland vire à l’Absurdland… Jeudi 24 octobre, dans un nouveau mouvement aussi tactique qu’improbable, le premier ministre Boris Johnson a renoncé...

25 - Octobre - 2019

« Au Cameroun, on constate une sophistication tactique de Boko Haram »

Contrairement à ce qu’avait déclaré en 2016 le président nigérian, Muhammadu Buhari, Boko Haram n’est pas « techniquement défait...

24 - Octobre - 2019

Alpha Condé : « Je ferai ce que veut le peuple de Guinée »

Premier président de Guinée élu démocratiquement, en 2010, Alpha Condé fait face à une large contestation née de la volonté que lui...

24 - Octobre - 2019

Au Bangladesh, 16 personnes condamnées à mort pour le meurtre d’une jeune femme, brûlée vive

Au Bangladesh, 16 personnes ont été condamnées, jeudi 24 octobre, pour le meurtre d’une jeune femme de 19 ans, brûlée vive pour avoir porté plainte...