Coronavirus : aux Etats-Unis, les Asiatiques, victimes de discrimination, contre-attaquent

09 - Avril - 2020

Le chroniqueur Jeff Yang faisait la queue pour entrer dans un magasin de son quartier de Los Angeles le 23 mars quand il a été pris à partie par une cliente qui finissait ses courses. « Elle a baissé son masque et toussé directement dans ma direction. Après quoi, elle a remonté son masque et tourné les talons, a-t-il raconté sur Twitter. Ça m’a fait un coup à l’estomac. »

Jeff Yang anime le podcast « They call us Bruce » (« ils nous appellent Bruce », une référence ironique à l’acteur de kung-fu Bruce Lee) où il tente de donner une perspective asiatique sur la société américaine. Son fils Hudson est l’une des stars de la sitcom Fresh Off the Boat (« tout juste débarquées »), qui a été le premier à mettre en scène une famille américano-asiatique. Il a analysé sa rencontre avec la dame du supermarché. « C’était peut-être l’anxiété économique, une maladie mentale, ou une de ces journées où on se sent mal coiffé. Peu importe. En tout cas je suis sur qu’elle testait positif pour le virus du racisme », a-t-il commenté.

« La haine est un virus. » C’est l’intitulé de la contre-attaque lancée par les jeunes de la communauté asiatique aux Etats-Unis sur leurs tee-shirts et les réseaux sociaux. Une communauté qui, d’Hollywood (le film Parasite, du Sud-Coréen Bong Joon Ho, quadruple Oscar 2020) à Washington (la candidature d’Andrew Yang à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle), avait commencé à se sentir pleinement à sa place mais que l’épidémie de coronavirus a ramenée des années en arrière.
« Sale Chinois »

La propagation du Covid-19 a entraîné une vague d’agressions verbales et parfois physiques contre les Américains d’origine asiatique. Le 19 mars, deux ONG de défense de la communauté « AAPI » (Américains d’origine asiatique et du Pacifique) ont lancé un site où les victimes peuvent témoigner des incidents (Stop AAPI Hate). En deux semaines, la plate-forme a enregistré 1 135 signalements. Malgré les mesures de confinement, souligne le groupe, les incidents restent fréquents. Plutôt que sur les lieux de travail, désertés, ils se produisent maintenant dans les derniers endroits où les habitants se croisent : magasins ou pharmacies.

Par crainte de représailles, les victimes hésitent à témoigner publiquement mais le site a partagé anonymement les récits. Un jeune homme décrit la réaction violente d’un passant alors que, victime d’allergies, il venait d’éternuer : « Retourne d’où tu viens ! » Beaucoup ont essuyé des crachats, des insultes, des « sale Chinois », lancés par un automobiliste depuis sa voiture. Le 14 mars, une famille asiatique a été la cible de coups de couteau dans un supermarché de Midland, au Texas, un acte que le FBI a décidé de considérer comme un crime raciste. Même les personnels soignants (dont 17 % sont d’origine asiatique) ne sont pas épargnés, comme en a témoigné dans le New York Times le Dr Peter Lee, de l’unité de soins intensifs de l’hôpital de Montville dans le New Jersey.

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