Coronavirus : une « enquête disciplinaire » ouverte contre un opposant à Xi Jinping

08 - Avril - 2020

La nouvelle est tombée, mardi 7 avril, quelques heures avant le déconfinement de Wuhan : Ren Zhiqiang, l’un des derniers membres de l’élite chinoise à oser critiquer Xi Jinping, a été placé sous « enquête disciplinaire » par la commission de discipline du Parti communiste pour de « graves violations à la discipline du parti et à la loi ». Cet ancien magnat de l’immobilier avait disparu le 12 mars, ainsi que son fils et son assistant, après avoir publié en ligne un article au vitriol comparant implicitement Xi Jinping à un « clown assoiffé de pouvoir », à un « empereur nu » ainsi qu’au dictateur roumain Nicolae Ceausescu à la fin de son règne.

Ce long texte était une analyse extrêmement critique de la visioconférence exceptionnelle sur le Covid-19 que Xi Jinping a présidée le 23 février et à laquelle ont participé pas moins de 170 000 responsables communistes. Selon Ren Zhiqiang, cette vidéoconférence, loin de permettre l’émergence de questions sur la responsabilité des dirigeants – et notamment du premier d’entre eux – dans la crise sanitaire en cours, n’a été qu’un exercice d’autosatisfaction. « Ce ne sera peut-être pas aujourd’hui mais tôt ou tard il faudra que le Parti paie sa dette au peuple », écrit-il.
« Ren le canon »

Ren Zhiqiang rappelle, entre autres, que, durant les premiers jours de janvier, le journal télévisé national a à plusieurs reprises dénoncé ces « habitants de Wuhan qui répandent de fausses rumeurs ». Depuis, chacun sait qu’il s’agissait de médecins, qui, trois semaines avant les autorités, s’inquiétaient de la propagation du virus entre humains mais que le pouvoir politique a voulu faire taire.

Agé de 69 ans, Ren Zhiqiang fait, comme Xi Jinping, partie des princes rouges, ces fils de hauts responsables politiques du temps de Mao Zedong. Son père, Ren Quansheng, a été vice-ministre du commerce. Evidemment membre du Parti communiste, Ren Zhiqiang a longtemps présidé le groupe immobilier public Hua Yuan Property. Selon un article du China Daily de 2010, il fut même, en 2009, le patron chinois le mieux payé du secteur étatique.

L’homme se décrit toutefois comme un disciple de Milton Friedman et de Friedrich Hayek, deux figures du libéralisme américain, et n’hésite pas à croiser le fer avec d’importants responsables politiques chinois. Il quitte ses fonctions en 2014. Mais, à cette époque, les Chinois le connaissent pour une autre de ses activités : le blog qu’il tient depuis 2010 et qui lui valent le surnom explicite de « Ren le canon » – pour tirer à boulets rouges sur ses cibles. Pas moins de 37 millions de Chinois s’en délectent. En 2011, l’intelligentsia n’hésite pas à traverser le pays pour assister aux conférences qu’il organise à Pékin autour des œuvres d’Alexis de Tocqueville ou de Hannah Arendt.

Autres actualités

31 - Mai - 2019

Tensions à Jérusalem pour le dernier vendredi du mois de ramadan

Un adolescent palestinien a été tué, vendredi 31 mai, par des tirs de soldats israéliens près de Bethléem, en Cisjordanie. Ce même vendredi, dans...

31 - Mai - 2019

Après les attentats, le Sri Lanka face à l’effondrement du tourisme

C’est une économie entière qui s’est écroulée en quelques heures : au lendemain du funeste dimanche de Pâques du 21 avril, après la...

29 - Mai - 2019

La CNCDH exhorte le gouvernement à rapatrier les enfants de djihadistes français de Syrie

La France a l’impératif de rapatrier « sans condition » les enfants mineurs de nationalité française aujourd’hui détenus dans des camps en...

29 - Mai - 2019

Au Venezuela, l’inflation a été de 130 060 % en 2018

Le gouvernement du Venezuela a reconnu mardi 28 mai l’état désastreux de l’économie du pays. Après s’être abstenue pendant trois ans de publier...

28 - Mai - 2019

Israël : Nétanyahou joue contre la montre pour résoudre une crise politique majeure

La température dans les couloirs de la Knesset, lundi 27 mai, a dépassé toutes les normes saisonnières. A près de quarante-huit heures de l’expiration du...