Cuba apporte son soutien au Venezuela, que l’Amérique sanctionne financièrement

10 - Août - 2017

Le président cubain, Raul Castro, a assuré mercredi à son homologue et allié vénézuélien, Nicolas Maduro, qu’il ne « sera[it] pas seul » dans son combat politique.
Nicolas Maduro, président du Venezuela, et Raul Castro, président cubain, à La Havane, le 10 avril 2017. 
Dans une lettre le félicitant avec « une immense joie révolutionnaire » pour l’élection et l’installation récente d’une Assemblée constituante controversée, Raul Castro a assuré à M. Maduro que « les Cubains ser[aie]nt à l’avant-garde de la solidarité militante » du bloc socialiste latino-américain et resteraient « engagés en faveur de [sa] cause ». « Des jours de lutte acharnée, de harcèlement international, de blocus et de privations sont à venir, mais tu ne seras pas seul », a-t-il insisté à l’adresse du président socialiste dans ce courrier lu sur l’antenne de la télévision d’Etat cubaine.
Confronté à une vague de contestation ayant déjà fait 125 morts depuis quatre mois, Nicolas Maduro se trouve de plus en plus isolé par la communauté internationale. Il a notamment déclenché l’ire de nombreux pays et de l’Organisation des Nations unies (ONU) en tentant de reprendre en main les institutions de son pays avec l’installation d’une Assemblée constituante qui menace le Parlement, contrôlé par l’opposition.
Soutien inconditionnel du successeur de Hugo Chavez (président de 1999 à 2013), Cubaavait rejeté à la fin de juillet toute participation à une médiation au Venezuela, arguant de la légitimité du président Maduro. Allié politique du gouvernement socialiste vénézuélien, La Havane est fortement dépendante des livraisons de pétrole de Caracas, concédé à des conditions favorables et payé en grande partie avec l’envoi de médecins cubains au Venezuela.
Sanctions financières américaines
De leur côté, les Etats-Unis ont infligé de nouvelles sanctions financières au Venezuela, accentuant la pression. Huit responsables, dont un frère du défunt Hugo Chavez (président de 1999 à 2013), impliqués dans la récente mise en place de l’Assemblée constituante, sont visés par ces mesures annoncées mercredi.
« Ce régime est inacceptable et les Etats-Unis se tiendront au côté de l’opposition (qui se bat) contre la tyrannie jusqu’à ce que le Venezuela restaure une démocratie prospère et pacifique », a assuré dans un communiqué le secrétaire au Trésor états-unien, Steven Mnuchin. « Tous les biens de « Ce régime est inacceptable et les Etats-Unis se tiendront au côté de l’opposition (qui se bat) contre la tyrannie jusqu’à ce que le Venezuela restaure une démocratie prospère et pacifique », a assuré dans un communiqué le secrétaire au Trésor états-unien, Steven Mnuchin. « Tous les biens de ces individus sont gelés aux Etats-Unis et les citoyens américains ont pour interdiction de commercer avec eux », a précisé le Trésor.
Le 31 juillet, Washington avait déjà imposé des sanctions juridiques et financières sans précédent contre le président Maduro, alors qualifié de « dictateur ». « Quand a-t-on vu dans l’histoire des relations internationales qu’une puissance condamne des citoyens pour avoir organisé des élections ? », a réagi le ministre des affaires étrangères vénézuélien, Jorge Arreaza. « Ils ne respectent aucun principe élémentaire du droit international. Ils se ridiculisent devant le monde entier. Le Venezuela ne peut être sanctionné par rien ni par personne ! », a-t-il ajouté.
Lire aussi : Venezuela : l’ONU dénonce « l’usage excessif de la force »
Climat de défiance
Dans la matinée, le Parlement vénézuélien, seule institution contrôlée par l’opposition, a siégé dans un climat de défiance vis-à-vis de l’Assemblée constituante, installée au sein même du bâtiment législatif. « Nous sommes à l’Assemblée, en train d’occuper et de défendre la position législative que nous ont octroyée 14 millions de Vénézuéliens », a tweeté le député d’opposition Miguel Pizarro.
La Constituante a approuvé mardi une « commission de la vérité » chargée de se pencher sur les cas de violences politiques depuis 1999 et appelée par M. Maduro à lever l’immunité des députés du camp adverse pour pouvoir les envoyer en prison. L’opposition, qui voit dans cette assemblée une tactique du président pour prolonger son mandat au-delà de 2019, redoute une « chasse aux sorcières ».
La Cour suprême a déjà condamné à quinze mois de prison le maire d’un district de Caracas considéré comme un bastion de l’opposition, pour ne pas avoir empêché des manifestations. Et la Constituante a destitué la procureure générale Luisa Ortega, très critique envers le chef de l’Etat. Le Parlement lui-même pourrait être dissous, l’assemblée chargée de réécrire la Constitution de 1999 ayant également ce pouvoir.
Découragement
Ces dernières semaines, les Etats-Unis, le Vatican, l’ONU et l’Union européenne ont fustigé la radicalisation du gouvernement vénézuélien. Mais rien n’y fait. Le président Maduro, élu en 2013, reste sourd aux mises en garde, s’appuyant sur le soutien crucial de l’armée et de ses quelques alliés, comme la Russie et la Chine, ses créanciers, ainsi que Cuba, la Bolivie ou encore l’Equateur.
Le pays, autrefois le plus riche d’Amérique du Sud en raison de ses immenses réserves pétrolières, a été ruiné par la chute des cours du brut, entraînant la colère des habitants lassés de l’inflation vertigineuse et des rayons vides des supermarchés et des pharmacies. Cette exaspération populaire avait permis à la fin de 2015 la large victoire de l’opposition aux élections législatives.
Mais le bastion conquis semble chaque jour plus fragile, et après avoir mobilisé les foules presque chaque jour depuis le début d’avril, l’opposition peine désormais à organiser de grandes manifestations. Mardi, ils n’étaient qu’une petite centaine à participer au blocage des rues, signe sans doute d’un certain découragement après avoir échoué à empêcher la Constituante.
Après avoir hésité, l’opposition a finalement décidé mercredi d’inscrire des candidats aux élections régionales du 10 décembre. Elle espère ainsi porter dans les urnes un nouveau coup au chavisme en s’appuyant sur l’exaspération populaire, qui avait permis à la fin de 2015 sa large victoire aux élections législatives. L’opposition table pour cela sur le rejet de Maduro par 80 % de la population, selon les sondages, ce qui signifierait que la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD, centre droit) pourrait remporter 18 gouvernements régionaux.
Fustigeant « la plus grande fraude de l’histoire », la MUD avait refusé de participer à l’élection de la Constituante le 30 juillet, laissant le champ libre au chavisme, dont sont issus la totalité des 545 membres.

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