Débat : deux visions opposées de l’indépendance de la France

04 - Mai - 2017

Débat : deux visions opposées de l’indépendance de la France

Lors de la confrontation télévisuelle, Marine Le Pen a repris les thèmes habituels du souverainisme. Sur la lutte contre le terrorisme, Emmanuel Macron a dit vouloir poursuivre « le travail dans les alliances ».

L’un et l’autre se réfèrent à Charles de Gaulle, mais la vision des deux candidats est diamétralement opposée sur les questions internationales. « La ligne que je veux avoir pour la France, c’est une ligne gaullo-mitterrandienne ; c’est l’indépendance de la France et je veux une France forte en Europe », a affirmé Emmanuel Macron, cherchant aussi sur ce point à transcender le clivage gauche/droite pour se revendiquer de ce qui fut jusqu’à l’élection de Nicolas Sarkozy la tonalité dominante d’une diplomatie française attentive à faire entendre sa différence, notamment au Moyen-Orient. C’était aussi une façon de se démarquer − un peu − de François Hollande, qui eut des accents plus volontiers atlantistes sans pour autant renier cet héritage.
M. Macron est resté dans la synthèse. Il a insisté sur la nécessité, notamment face au terrorisme islamiste, « de continuer le travail dans les alliances » d’abord avec les Etats-Unis. « Depuis la deuxième guerre mondiale, nous avons été dans le même camp avec notre voix indépendante », a-t-il dit, évoquant le refus français en 2003 de participer à l’aventure irakienne. La « priorité », c’est la lutte contre le terrorisme, a expliqué M. Macron, rappelant plusieurs fois lors du débat qu’il sera, s’il est élu, le « chef des armées ». Face à Poutine, il s’est voulu très ferme, même s’il est conscient que, sur l’Ukraine et sur la Syrie, la Russie est un acteur majeur. Mais il n’est pas question d’accepter ses « diktats », a-t-il lancé, en taclant son adversaire, « soumise à la Russie et à M. Poutine », dont « les valeurs ne sont pas les nôtres ».
« Leçons de morale »
Sans surprise, Marine Le Pen a répliqué en reprenant les thèmes habituels du souverainisme sur une « France qui sera respectée si elle redevient la France ». Elle a dénoncé « sa soumission à l’Allemagne et à la politique américaine » et appelé le pays − en évoquant de Gaulle − « à retrouver son indépendance ». Sa vision est celle d’un monde où les nations doivent à nouveau jouer un rôle central avec leurs identités propres, leurs cultures, leurs institutions, « qu’il faut respecter ». Et de pourfendre « les leçons de morale que donnent les socialistes à la terre entière », sauf à des pays comme le Qatar ou l’Arabie saoudite. Se référant au grand retour aussi bien en Russie qu’en Inde, en Chine ou aux Etats-Unis de dirigeants forts jouant sur le nationalisme, elle a lancé : « Ces grandes nations sont sur ma ligne ; elles ont tourné le dos à l’ultralibéralisme que vous continuez à défendre. » Marine Le Pen est convaincue d’avoir pour elle le vent de l’histoire même si sa rengaine est usée.

Autres actualités

27 - Juin - 2019

Au Nigeria, les Peuls pris au piège de la guerre pour la terre

« Poussez-vous ! » Un épais nuage de poussière se soulève sous les cris et les coups de bâtons d’adolescents coiffés de chapeaux de paille : la...

27 - Juin - 2019

« Boeing doit redresser son image après la découverte d’un nouveau défaut sur son 737 Max »

Pertes & profits. Les dirigeants de Boeing affichaient une mine rassurée, mi-juin, au salon aéronautique du Bourget (Seine-Saint-Denis). Pensez donc ! Non seulement le groupe...

26 - Juin - 2019

Au Tchad, la peur d’un vent de révolte soudanais

Pour en avoir bénéficié en tant que chef rebelle en 1990 et failli en être la victime en 2006 puis en 2008, Idriss Déby sait que les vents qui amènent le...

26 - Juin - 2019

Après le cuisant revers de l’élection à Istanbul, les critiques émergent au sein du parti d’Erdogan

Pour sa première apparition publique depuis l’échec cuisant subi par son parti lors de l’élection du maire d’Istanbul, le président Recep Tayyip...

25 - Juin - 2019

Washington lance de nouvelles sanctions pour geler les actifs financiers d’Ali Khamenei

La sanction est symbolique. Donald Trump a annoncé, lundi 24 juin, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche des sanctions pour geler les actifs financiers du Guide suprême Ali...