Derrière le drame du poissonnier Mouhcine Fikri, une région marocaine en difficulté
Derrière le drame du poissonnier Mouhcine Fikri, une région marocaine en difficulté
Dans son bureau de la cour d’appel d’Al-Hoceïma (Maroc), le procureur général du roi, Mohamed Akouir, homme élégant et affable, pèse ses mots. Dans cette affaire sensible, il faut être le plus précis possible. Depuis la mort du poissonnier Mouhcine Fikri, happé par une benne à ordures, vendredi 28 octobre, alors qu’il voulait s’opposer à la destruction de sa marchandise saisie par la police, onze personnes ont été présentées à la justice, dont huit placées en détention.
Parmi elles : cinq fonctionnaires accusés de « faux en écriture publique » et trois employés de la société de nettoyage d’« homicide involontaire ». Trois autres individus – deux proches de la victime et un contrôleur de la société de nettoyage – sont poursuivis mais ont été laissés en liberté. « C’est désormais le juge d’instruction qui va poursuivre l’enquête », souligne M. Akouir.
Sentiment d’injustice
Les autorités marocaines s’efforcent de montrer que la justice avance, et vite. L’exigence de vérité aurait probablement été la même dans une autre ville du Maroc mais ici, au cœur du Rif, le sentiment d’injustice est plus aigu. L’histoire de Mouhcine et de sa famille dit beaucoup d’une région isolée et en mal de perspectives.
Depuis le drame, les Fikri ont resserré les rangs. Les cousins installés en Europe ont pris l’avion. Dans le salon de la maison familiale à Imzouren, Aimad, 29 ans, toujours très posé, gère la communication de la famille au milieu de ses frères, cousins et cousines qui racontent un jeune homme gai,