Devenu le visage de la lutte contre le coronavirus, le ministre de la santé brésilien au bord du limogeage

15 - Avril - 2020

« Un médecin n’abandonne pas son patient », répétait à l’envi ces dernières semaines Luiz Henrique Mandetta. Pourtant, mercredi 15 avril, le ministre de la santé brésilien pourrait être amené à quitter son poste brutalement : si l’on en croit la presse nationale, son renvoi par le président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, serait imminent.

Depuis le début de la crise sanitaire, une véritable « guerre froide » oppose en effet le chef de l’Etat, « coronasceptique » assumé, à son ministre de la santé, « coronalarmiste » convaincu. En pleine pandémie, alors que 1 557 Brésiliens sont déjà morts, au 15 avril, des suites du Covid-19, le départ annoncé du ministre de la santé plonge le pays dans l’incertitude.

De l’avis du monde médical, le chaos au sommet de l’Etat entrave d’ores et déjà gravement la lutte contre le coronavirus. « Nous avons absolument besoin d’une articulation nationale pour coordonner les efforts locaux et distribuer le matériel ! », alerte Gulnar Azevedo e Silva, présidente de l’Association brésilienne de santé collective (Abrasco).

Il y a urgence : selon une étude conjointe publiée par un consortium d’universités et d’instituts de recherche, le Brésil pourrait compter plus de 313 000 cas de personnes contaminées par le coronavirus, soit 12 à 15 fois plus que le nombre officiel dévoilé par les autorités. Selon une étude de l’Imperial College de Londres, l’épidémie pourrait faire 44 000 morts au Brésil si 75 % de la population est mise en quarantaine, et, dans le pire des scénarios, plus de 1,1 million si aucune mesure de confinement n’est prise.
« Compétent »

Avec ses cheveux noir de jais et son éternel gilet flanqué de la croix bleue du SUS (le système de santé publique), Luiz Henrique Mandetta est devenu le visage de la lutte contre la Covid-19 au Brésil. Précis, professionnel, pondéré : il est l’anti-Bolsonaro, défendant le « maximum de distanciation sociale » et les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), quand le chef de l’Etat compare le coronavirus à une « petite grippe », prend des bains de foule et, depuis le 12 avril, prétend même que l’épidémie « commence à s’en aller ».
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Brésil, la peur du coronavirus atteint les favelas

« Je ne travaille qu’avec la science », rétorquait M. Mandetta. Ces dernières semaines, envers et contre son président, le ministre était parvenu à mobiliser les moyens de l’Etat pour lutter contre l’épidémie : achat de 15 000 respirateurs, commande de 240 millions de masques à la Chine, distribution de 1 million de tests, constructions d’hôpitaux de campagne dans l’intérieur et l’Amazonie, crédits à la recherche… Mandetta était sur tous les fronts.

Autres actualités

14 - Octobre - 2019

Guinée : au moins un mort pendant la mobilisation contre un 3e mandat d’Alpha Condé

Une personne a été tuée, lundi 14 octobre, à Conakry, en Guinée, dans les heurts survenus dans plusieurs quartiers entre les forces de sécurité...

14 - Octobre - 2019

Election présidentielle en Tunisie : Kaïs Saïed, ou le nouveau paradigme tunisien

C’est un local modeste et sans décorum : tables en plastique et murs nus. Les fenêtres du trois-pièces donnent sur la station de tramway de la rue Ibn-Khaldoun au...

11 - Octobre - 2019

Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, Prix Nobel de la paix 2019

On connaît désormais le nom de la personne qui succédera à la militante yézidie Nadia Murad et au gynécologue congolais Denis Mukwege,...

11 - Octobre - 2019

Attaque à l’arme blanche dans un centre commercial de Manchester

Plusieurs personnes ont été blessées à l’arme blanche, vendredi 11 octobre, dans un centre commercial de Manchester, dans le nord de l’Angleterre, et un...

10 - Octobre - 2019

Des milliers de migrants ont fui la Papouasie indonésienne après les émeutes

Les émeutes en Papouasie indonésienne, les pires depuis des décennies dans cette région, n’ont pas seulement fait une trentaine de morts le 23 septembre : elles...