Dubaï n’attend pas le reflux de l’épidémie pour commencer le déconfinement
Les autorités de Dubaï sont pressées de tourner la page du Covid-19. Alors même que le nombre de décès et de contaminés recensés chaque jour dans les Emirats arabes unis (EAU) ne faiblit pas, la cité-Etat, qui est l’un des deux piliers de cette fédération avec Abou Dhabi, a débuté la phase de déconfinement.
Les 3,5 millions d’habitants de la principauté, plaque tournante du commerce et du tourisme au Proche-Orient, ont récupéré en fin de semaine dernière le droit de circuler en ville pendant la journée. Ils étaient jusque-là soumis à un couvre-feu intégral, auquel ils ne pouvaient déroger que pour se ravitailler en nourriture, tous les trois jours, et sur permission expresse de la police, délivrée par Internet.
Les gigantesques malls, qui font la fierté de l’émirat et attirent des millions de visiteurs chaque année, ont été autorisés à rouvrir leurs portes jusqu’à 22 heures, dans une limite de 30 % de leur capacité, de même que les restaurants, une autre des attractions locales. Vantant « le succès » de Dubaï dans la lutte contre le Covid-19, le pouvoir s’est félicité que « les mesures strictes prises au cours des trois dernières semaines [aient] considérablement contribué à atténuer la crise ».
Le pays est « aux abois »
Pourtant, l’épidémie ne montre aucun signe de reflux aux Emirats arabes unis. Le nombre de cas découverts chaque jour a dépassé la barre des 500 et continue de progresser, et le nombre de décès quotidiens fluctue entre 3 et 8 depuis une semaine. En tout, à la date du 26 avril, le SARS-Cov-2 avait contaminé au moins 10 300 personnes et causé 76 morts aux EAU. Ces chiffres en font le deuxième pays le plus touché de la rive arabe du golfe Persique après l’Arabie saoudite, où l’on déplorait ce jour-là 17 500 cas et 139 décès.
Pourquoi, dans ces conditions, commencer à déconfiner Dubaï, la ville la plus peuplée de la fédération et qui, à ce titre, compte probablement le plus grand nombre de malades du Covid-19 ? Les autorités mettent en avant leur vaste capacité de test – autour de 30 000 par jour. Ce dépistage à grande échelle leur aurait permis d’identifier et d’isoler les principaux foyers d’infection, concentrés surtout dans les zones d’habitation des travailleurs asiatiques, qui forment l’essentiel de la main-d’œuvre dubaïote.
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Mais pour les observateurs étrangers, les calculs économiques ont autant sinon plus joué dans la décision d’alléger le couvre-feu que les considérations sanitaires. « C’est la logique mercantile qui prime, Dubaï est aux abois », lâche un banquier occidental installé sur place. La métropole hypermoderne, hérissée de tours vertigineuses, qui se présente comme l’eldorado du business, est à la peine depuis le milieu des années 2010.