Elections générales en Namibie sur fond de récession et de corruption
Les Namibiens sont appelés aux urnes ce mercredi 27 novembre pour des élections générales appelées à confirmer la mainmise sur le pays du parti au pouvoir depuis 1990, malgré la grogne croissante de la population contre la crise et la corruption. Face à une opposition désunie, le président sortant Hage Geingob, 78 ans, et son Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo) semblent assurés de rempiler pour cinq ans, en dépit d’un bilan des plus contrastés.
Le régime du président Geingob est en outre éclaboussé par un scandale de corruption. Il y a quelques semaines, WikiLeaks a publié des milliers de documents qui accusent des responsables de son gouvernement d’avoir touché l’équivalent de 10 millions de dollars (9 millions d’euros) de pots-de-vin de la part d’une entreprise de pêche islandaise. Deux ministres mis en cause dans cette affaire ont été contraints de démissionner à quelques jours seulement du scrutin, l’un d’eux a même été brièvement détenu.
Le chef de l’Etat a nié toute implication dans cette affaire. « Nous pratiquons la tolérance zéro en matière de corruption », a-t-il assuré samedi en clôturant sa campagne devant un stade à moitié vide de la capitale Windhoek.
Coalition des déçus
L’opposition, divisée, ne semble toutefois pas en mesure de profiter de ce climat. Déjà candidat il y a cinq ans, McHenry Venaani, 42 ans, et son Mouvement démocratique populaire (PDM) restent marqués au fer rouge de leur proximité passée avec l’Afrique du Sud de l’apartheid, qui rebute une large part de l’électorat.
La seule menace potentielle pour le régime vient de la candidature sous l’étiquette indépendante d’un membre de la Swapo en rupture de ban, Panduleni Itula, 62 ans. Ces dernières semaines, l’ancien dentiste a accusé M. Geingob d’avoir bradé les richesses du pays aux étrangers. « Nous voulons que la Namibie reste à nous, nous voulons garder nos ressources », a-t-il lancé lors de sa dernière réunion publique.
Malgré un sous-sol gavé de ressources naturelles, dont l’uranium, des fonds marins riches en poissons et en diamants, et l’essor de son tourisme, la Namibie est plongée depuis plusieurs années dans la récession. La chute des cours des matières premières et une sécheresse persistante depuis plusieurs saisons ont fait reculer son produit intérieur brut deux ans de suite (2017 et 2018) et le chômage frappe un tiers (34 %) de sa population.