Emmanuel Macron à Djibouti pour réaffirmer le soutien de Paris

11 - Mars - 2019

Le président Emmanuel Macron se rend lundi 11 mars au soir à Djibouti, allié historique et stratégique de la France qui ressent depuis plusieurs années un sentiment d’« abandon » et se trouve confronté à un paysage géopolitique bousculé par la récente réconciliation entre l’Ethiopie et l’Erythrée voisines. Neuf ans après la dernière visite d’un président français – Nicolas Sarkozy –, le chef de l’Etat aura un entretien bilatéral avec son homologue Ismaïl Omar Guelleh, mardi matin, avant de se rendre sur la base militaire française, la plus grande d’Afrique, qui compte 1 450 soldats.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Djibouti, centre névralgique de la lutte contre le terrorisme et la piraterie

Il s’agit par cette visite de « marquer la force de notre partenariat », souligne-t-on à l’Elysée, sur fond d’influence croissante de la Chine à Djibouti et sur l’ensemble du continent : « On a le traité de coopération en matière de défense signé en 2011 et il y a aussi des dossiers économiques qui sont en cours. » Mais surtout, « il y a un questionnement, côté djiboutien, sur sa place dans la recomposition régionale qui est en cours ; c’est sur ce point que va se concentrer le dialogue » entre les deux chefs d’Etat, ajoute-t-on.
Ressentiment et frustration

Inespérée, la paix scellée en 2018 entre les deux frères ennemis de la Corne de l’Afrique, l’Ethiopie et l’Erythrée, a en effet provoqué une redistribution des cartes qui va bien au-delà des relations entre Addis-Abeba et Asmara. En novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a levé l’embargo sur les armes, les interdictions de voyage, les gels d’avoirs et les autres sanctions visant l’Erythrée ; une décision qui a suscité l’ire de Djibouti. Ce dernier accuse Asmara d’occuper une partie de son territoire – la région de Ras Doumeira, sur la mer Rouge – et de détenir toujours treize de ses soldats.
Lire aussi Biens mal acquis : une enquête ouverte en France visant l’entourage du président de Djibouti

« Il y a une levée de l’embargo sans qu’il y ait une résolution du différend entre Djibouti et l’Erythrée, note-t-on à Paris. La France a été très active pour que ces points-là fassent l’objet d’une clause de rendez-vous régulière. Ce qu’attendent de nous les autorités djiboutiennes, c’est que nous restions actifs pour que Djibouti ait toute sa place dans la recomposition régionale. »

Bien que courte – une douzaine d’heures –, cette visite présidentielle et ce soutien réaffirmé par Paris pourraient permettre de tourner la page du ressentiment et de la frustration exprimés ces dernières années par les autorités djiboutiennes. « Tout se passe comme si la France ne nous considérait plus », déclarait le président Ismaël Omar Guelleh dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique en 2015, pointant « très peu d’investissements » et « aucune visite ministérielle depuis des années ».
Une position stratégique

Un diplomate français en poste dans la région reconnaît que la France « s’est considérée pendant très longtemps en terrain conquis » et a laissé le champ libre, notamment, aux Chinois. Un sentiment partagé par la délégation de l’Assemblée nationale envoyée en mai 2018 à Djibouti, qui occupe une position stratégique à l’entrée sud de la mer Rouge, fortement convoitée par les puissances étrangères – Pékin y a installé sa seule et plus grande base militaire à l’étranger.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Affaire Borrel : que savaient les services de renseignement français ?

« On a le sentiment à Djibouti que [la présence française] perd du terrain et qu’elle est moins importante qu’auparavant, ça n’est d’ailleurs pas qu’un sentiment », a souligné la députée Marielle de Sarnez lors du compte-rendu de cette mission, en septembre. « Je pense que stratégiquement, nous avons besoin d’un renforcement de la présence française sur ces trois axes : économique, culturel avec la francophonie, et militaire, a-t-elle ajouté. C’est urgent. »

Après Djibouti, Emmanuel Macron est attendu en Ethiopie dès mardi après-midi, puis au Kenya mercredi et jeudi, dernière étape de sa tournée en Afrique de l’Est.

Autres actualités

17 - Octobre - 2017

Des dizaines de combattants de l’Etat islamique tués dans une attaque de drones au Yémen

Les camps visés par les forces américaines étaient utilisés pour entraîner de nouveaux combattants au maniement de fusils d’assaut et de lance-roquettes....

17 - Octobre - 2017

Sebastian Kurz, le jeune homme pressé de la politique autrichienne

A 31 ans, le chef des conservateurs va devenir chancelier de son pays et pourrait former un gouvernement de coalition avec l’extrême droite. Sebastian Kurz, le 15 octobre. ...

16 - Octobre - 2017

Trump rend le monde encore plus dangereux

sur le nucléaire iranien illustrent à nouveau les caprices d’un président dont la marque première est l’incohérence, doublée d’un royal...

16 - Octobre - 2017

L’artiste russe Pavlenski arrêté à Paris pour avoir mis le feu à la Banque de France

Piotr Pavlenski a été arrêté à l’aube après avoir mis le feu à une antenne de la Banque de France, place de la Bastille à Paris....

14 - Octobre - 2017

Accord nucléaire : Téhéran dénonce la volte-face des Etats-Unis

Donald Trump a annoncé vendredi la « non-certification » des engagements de l’Iran, créant des incertitudes qui risquent de ralentir le rebond économique de...