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Emmanuel Macron en visite à Calais pour défendre sa politique migratoire

16 - Janvier - 2018

Le chef de l’Etat et le gouvernement sont critiqués par les associations, la gauche et une partie de la majorité qui estiment que le projet de loi immigration porte atteinte au droit d’asile.

Emmanuel Macron doit se rendre à Calais, mardi 16 janvier, à la rencontre des élus, des associations et des forces de l’ordre, pour tenter d’améliorer dans la durée la situation dans cette ville portuaire emblématique de la crise des migrants. Une visite très attendue, car elle intervient en plein débat sur le projet de loi destiné à réformer la politique migratoire et le droit d’asile, un texte critiqué aussi bien par une partie de la droite qu’à gauche.
Le chef de l’Etat débutera son déplacement à Croisilles (Pas-de-Calais), où a été ouvert l’un des trois centres d’accueil et d’examen de situation (CAES), une nouvelle structure pour héberger les migrants dans l’attente d’une décision administrative sur leur droit à se rendre au Royaume-Uni, à rester en France, à être renvoyé dans le pays d’entrée dans l’Union européenne ou à être expulsé vers leur pays d’origine.
En fin de matinée, Emmanuel Macron arrivera à Calais pour sa première visite en temps que président. Accompagné de quatre ministres, dont le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, et la ministre de la justice, Nicole Belloubet, il y prononcera un discours devant les forces de l’ordre, avant de s’entretenir avec les élus locaux, les acteurs économiques et les associations d’aide aux migrants, et de découvrir le front de mer en partie réhabilité. Le chef de l’Etat « va tenir un discours de vérité : la frontière est fermée et Calais ne peut plus être une destination pour les migrants », a fait savoir l’Elysée.
Lire l’article : « On occulte l’urgence et la nécessité qui ont poussé les gens à venir jusqu’à Calais »

M. Collomb a vigoureusement contesté mardi matin sur France 2 les accusations de violences policières envers des migrants lancés par des associations. « Je m’inscris en faux contre ces affirmations » que « personne n’a pu montrer », a-t-il affirmé, rappelant qu’un récent rapport de l’inspection générale avait conclu « qu’il y avait pu y avoir quelques dérapages individuels mais que les forces de police, dans leur généralité, étaient dans un respect fort de la déontologie ». « Ce sont eux qui très souvent sont en train de séparer les affrontements entre les différents clans de migrants » car les policiers « protègent plutôt qu’ils ne détruisent » a-t-il dit.

La situation dans le principal port transmanche est moins critique qu’il y a quatorze mois, avant la fermeture de la « jungle », l’immense campement sauvage où cohabitaient près de 8 000 migrants rassemblés dans l’espoir de rejoindre les rives britanniques. Elle s’est « améliorée » mais « n’est pas encore stabilisée », résume l’Elysée.
Entre 350 et 500 migrants, selon l’Etat, sont toujours présents à Calais, essentiellement venus de la corne de l’Afrique (Ethiopie, Erythrée) et d’Afghanistan. Ils survivent dans des conditions difficiles, sans abri fixe, car « les forces de l’ordre ont l’ordre de procéder systématiquement au démantèlement des campements sauvages », selon l’Elysée. Des associations leur distribuent vêtements, duvets et nourriture quotidiennement.
Les effectifs des forces de l’ordre ont été renforcés et s’élèvent à 1 130 policiers et gendarmes dans le Calaisis, qui interviennent parfois pour stopper des heurts entre groupes de migrants, comme dans la nuit de dimanche à lundi. Pour la maire de Calais, Natacha Bouchart (LR), l’insécurité reste un problème « quotidien ». Des migrants « créent des délits permanents. Ils interpellent les transporteurs, ils sautent sur les camions, ils arrachent les bâches. (…) Ils mettent en danger leur vie, ils mettent en danger la vie des citoyens calaisiens », selon elle.

En s’adressant aux forces de l’ordre mardi, Emmanuel Macron « va leur dire de manière très claire qu’il faut qu’elles soient exemplaires dans leurs interventions », déclare l’Elysée. Dans un rapport publié en 2017, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé un usage excessif de la force contre les migrants et des « abus », notamment contre des enfants.

Deux des principales associations locales d’aide aux migrants, L’Auberge des migrants et Utopia 56, ont, par ailleurs, décidé de boycotter la rencontre du monde associatif avec le président. « Alors même que le gouvernement n’a pas écouté à Paris les grandes organisations humanitaires, ni sur leurs critiques, ni sur leurs propositions, pourquoi le président tiendrait-il compte des mêmes critiques et propositions des associations locales ? », s’interrogent-elles pour justifier leur refus.
Emmanuel Macron ne devrait pas s’exprimer en détail sur le projet de loi asile-migration que M. Collomb doit présenter courant février en conseil des ministres. Le ministre de l’intérieur a réaffirmé dimanche qu’il n’était « pas question » de changer l’orientation du projet de loi, qui est « totalement équilibré ».
En revanche, le président devrait envoyer des messages à Londres à deux jours du sommet franco-britannique avec Theresa May qui se tiendra, jeudi, dans le sud de l’Angleterre. Paris veut obtenir de Londres « des mesures concrètes » pour une meilleure prise en charge des mineurs isolés et pour le financement de la sécurisation concrètes » pour une meilleure prise en charge des mineurs isolés et pour le financement de la sécurisation du terminal transmanche et du port de Calais, selon l’Elysée. A cette occasion, les accords du Touquet, qui fixent depuis 2004 la frontière à Calais, pourraient être aménagés.

A Croisilles, le 13 janvier. Sur les trois centres d’accueil et d’examen des situations des Hauts-de-France, aucun n’est plein. Croisilles affiche le meilleur remplissage, avec 62 lits occupés sur 70. Ce qui n’empêche pas le ministère de l’intérieur de se féliciter que « ces centres ont permis de significativement améliorer la situation là où ils sont déployés ».

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