En Algérie, une révolte inédite contre le cinquième mandat de Bouteflika

23 - Février - 2019

Cinquième mandat de Bouteflika : « L’Algérie dit non ! » Accompagnant une photo de foule, l’exclamation barre la « une » du quotidien francophone El Watan, ce 23 février, et résonne un peu comme une libération. La veille, des milliers de personnes ont défilé à Alger et d’autres grandes villes du pays pour dire leur refus de voir le président sortant, 81 ans, briguer un cinquième mandat le 18 avril en dépit de son état de santé.

Un mouvement inédit et spectaculaire : c’est la première fois, en vingt ans de règne d’Abdelaziz Bouteflika, que les Algériens descendent simultanément dans les rues de plusieurs régions du pays pour le contester. A Alger, la mobilisation a surpris aussi bien les opposants que le pouvoir. La capitale, où les rassemblements sont interdits depuis l’année 2001, a connu ses plus importantes manifestations depuis près de dix-huit ans.

Les mots d’ordre des cortèges sont tranchants. Contre Ahmed Ouyahia, le très impopulaire premier ministre, traité de « voleur ». Contre le cinquième mandat, objet de toutes les colères. « Bouteflika, ya Saïd [le frère du président], pas de cinquième mandat », « le peuple veut le changement de régime », « non à la mascarade ». Mais aussi, fait nouveau, contre le président lui-même. Ainsi, un slogan irrévérencieux venu des stades de football, où les tribunes sont connues pour être des espaces de contestation politique, était particulièrement repris : « Bouteflika le Marocain, pas de cinquième mandat ».

Bouteflika étant né à Oujda, au Maroc. Jusqu’ici, beaucoup d’Algériens considéraient le président comme un vieil homme malade que son entourage ferait mieux de laisser en paix, mais la récente annonce de sa candidature à un cinquième mandat a fait tomber les digues de la bienséance.
Répulsion et colère
Manifestation à Alger pour protester contre le cinquième mandat du président Bouteflika, le 22 février 2019. Le panneau symbolise le président Bouteflika, qui brigue une cinquième mandat malgré son état de santé très faible et qui est « remplacé » par un cadre avec sa photo lors de cérémonies officielles.
Manifestation à Alger pour protester contre le cinquième mandat du président Bouteflika, le 22 février 2019. Le panneau symbolise le président Bouteflika, qui brigue une cinquième mandat malgré son état de santé très faible et qui est « remplacé » par un cadre avec sa photo lors de cérémonies officielles. RYAD KRAMDI / AFP

Le 10 février, après des semaines de suspense, le pouvoir faisait en effet savoir par le biais d’un communiqué signé Abdelaziz Bouteflika que celui-ci était officiellement candidat à sa réélection. « La volonté inébranlable de servir la patrie ne m’a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé auxquels chacun peut être un jour confronté », y écrivait le président.

L’annonce avait provoqué un choc tant l’état de santé du chef de l’Etat semble incompatible avec les fonctions présidentielles. Victime d’un AVC en 2013, celui-ci n’apparaît quasiment plus en public, est incapable de s’adresser directement aux Algériens et même désormais de recevoir les hôtes étrangers. Malgré tout, les différents clans qui composent le pouvoir algérien n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une éventuelle succession. La machinerie s’est alors mise en route pour faire avaliser un cinquième mandat.

Autres actualités

15 - Avril - 2019

Après la chute d’Omar Al-Bachir, la confusion règne au Soudan

A bien regarder le profil des généraux qui, au sein du Conseil militaire de transition (TMC), doivent influer sur la manière dont va être géré le Soudan...

15 - Avril - 2019

Le plan de « paix » de Trump attendu sans illusions par les acteurs du conflit israélo-palestinien

Personne ne l’a consulté, mais tout le monde en parle. Malgré des révélations quasi quotidiennes sur l’administration Trump, un sujet est resté...

13 - Avril - 2019

Quatre pays d’Europe acceptent d’accueillir les migrants bloqués depuis dix jours en mer au large de Malte

Les migrants bloqués depuis dix jours en mer sur l’Alan-Kurdi, navire de l’ONG allemande Sea-Eye, vont enfin pouvoir débarquer à Malte. Le premier ministre...

13 - Avril - 2019

La CPI renonce à enquêter sur les crimes de guerre en Afghanistan

Enquêter sur les crimes en Afghanistan ne serait pas dans « l’intérêt de la justice », ont estimé, vendredi 12 avril, les juges de la Cour...

12 - Avril - 2019

Brexit : entre Emmanuel Macron et Angela Merkel, les nerfs à vif

Les divergences entre la France et l’Allemagne n’ont rien d’exceptionnel. A force de concertations, pourtant, les deux pays réussissent généralement...