En Allemagne, l’après-Merkel a commencé

21 - Janvier - 2019

Depuis l’étranger, l’Allemagne apparaît comme un îlot de stabilité et de sérénité. Treize ans après son accession au pouvoir, Angela Merkel y jouit d’une popularité à faire pâlir d’envie la plupart de ses homologues, à commencer par Emmanuel Macron : selon un sondage de l’institut Infratest dimap réalisé les 7 et 8 janvier, la chancelière allemande arrive en tête des personnalités politiques les plus appréciées de ses concitoyens, avec 56 % d’opinions favorables.

Toujours soutenue par une majorité de son opinion publique, Mme Merkel n’en est pas moins proche de la retraite. Au plus tard, elle quittera le pouvoir à l’automne 2021, a-t-elle annoncé, à moins qu’elle ne soit renversée avant, par exemple si ses alliés sociaux-démocrates décident de quitter son gouvernement avant la fin de la législature. D’ici là, elle restera chancelière, mais une chancelière diminuée car privée du contrôle qu’elle avait jusque-là sur son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Après dix-huit ans passés à la tête du parti conservateur allemand, elle a passé la main, le 7 décembre 2018, à Annegret Kramp-Karrenbauer. Six semaines plus tard, samedi 19 janvier, l’Union chrétienne-sociale (CSU), l’alliée de la CDU en Bavière, a changé à son tour de patron : Markus Söder y a succédé à Horst Seehofer, qui la présidait depuis 2008.
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Vues de loin, ces deux élections ne changent rien. Mme Merkel reste chancelière et M. Seehofer est toujours ministre de l’intérieur. Toutefois, dans une démocratie parlementaire comme l’Allemagne, où les partis continuent de jouer un rôle central, le fait que la chancelière et l’un de ses principaux ministres aient perdu la main, presque en même temps, sur les formations qu’ils présidaient depuis des années marque un changement d’époque.
Nouvelle pensée conservatrice

Agés respectivement de 56 et 52 ans, Annegret Kramp-Karrenbauer et Markus Söder ont décidé d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire de la droite allemande. Après des années d’affrontement entre Mme Merkel et M. Seehofer, les nouveaux présidents de la CDU et de la CSU ont, dès leur prise de fonctions, multiplié les gestes d’apaisement entre leurs deux partis.

Le rapprochement n’est pas seulement personnel. Il est aussi politique. A bien des égards, Mme Kramp-Karrenbauer est en effet plus proche de la CSU que ne l’était Mme Merkel ; M. Söder, pour sa part, incarnant une posture plus populiste que M. Seehofer. C’est le cas sur les sujets de société (mariage homosexuel, avortement…), où les idées de la nouvelle patronne de la CDU sont celles de la droite la plus conservatrice. C’est aussi le cas sur les questions de sécurité et d’immigration, sur lesquelles elle défend des positions d’une grande fermeté, proches de celles des conservateurs bavarois.
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Largement en tête dans les intentions de vote, devant les Verts et les sociaux-démocrates, la CDU-CSU semble aujourd’hui avoir toutes les chances de rester à la tête du gouvernement allemand après les prochaines élections législatives. Continuité n’est toutefois pas synonyme d’identité. Avec Mme Kramp-Karrenbauer et M. Söder, ce n’est pas seulement une nouvelle génération qui accède aux responsabilités. C’est aussi une nouvelle pensée conservatrice qui se définit, plus offensive que celle de Mme Merkel, plus préoccupée par la montée d’une extrême droite réapparue plus tardivement en Allemagne qu’ailleurs en Europe mais qui, outre-Rhin, est aujourd’hui la première force d’opposition, avec 92 députés sur 729.

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