En Allemagne, le succès de François Fillon suscite de l’espoir et quelques inquiétudes

23 - Novembre - 2016

En Allemagne, le succès de François Fillon suscite de l’espoir et quelques inquiétudes

Du soulagement, de l’espoir et quelques inquiétudes. Tels sont les sentiments qui dominent, en Allemagne, à en juger par la tonalité générale de la presse, deux jours après le premier tour de la primaire de la droite, qui a qualifié François Fillon et Alain Juppé pour le second tour.

Le soulagement, c’est d’abord celui de la défaite de Nicolas Sarkozy. Ces dernières semaines, la campagne de l’ancien président de la République avait suscité des jugements sévères en Allemagne. « Il déborde désormais Marine Le Pen sur sa droite », avait ainsi écrit l’hebdomadaire libéral Die Zeit, dans son édition du 29 septembre. Un mois plus tôt, le quotidien de gauche Die Tageszeitung avait qualifié l’ancien chef de l’Etat de « Trump à la française ».

Son élimination, dimanche 20 novembre, n’a pas seulement réjoui la presse de gauche. « Nicolas Sarkozy a été brutalement mis hors-jeu. L’ancien président a mené une campagne aussi erratique que cynique. Seuls ceux qui font les délicats peuvent encore voir une différence entre son discours et celui de Marine Le Pen », s’est par exemple félicité, lundi, le quotidien conservateur Die Welt.
Fillon, « un homme de la France traditionnelle »

Dans une Allemagne où la perspective d’une victoire de la présidente du Front national à l’élection présidentielle de mai 2017 est considérée par beaucoup comme une hypothèse crédible, et ce encore plus depuis l’élection de Donald Trump, c’est d’abord ainsi qu’a été interprété le résultat du premier tour de la primaire : comme la preuve que les Français ne souhaitent pas, au fond, céder à la tentation du « populisme », un populisme dont Nicolas Sarkozy est volontiers vu, outre-Rhin, comme un porte-drapeau, et face auquel François Fillon – qui n’est « ni un Margaret Thatcher ni un Donald Trump à la française mais un homme de la France traditionnelle des villages et des petites villes », selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung – apparaît, à l’inverse, comme un rempart.

« Dans des temps où tout le monde parle de la marche triomphale du populisme, le fait qu’un homme caractérisé par son calme, son refus de céder de façon débridée au populisme et ses idées réalistes soit sur le point d’être désigné comme candidat à la présidentielle par les conservateurs, est un signe encourageant », écrit Die Welt.

« Fillon a en main la possibilité de faire barrage à la vague populiste. Les primaires de la droite montrent qu’un parti démocratique peut mobiliser le cœur de l’électorat », observe, de son côté, le quotidien économique Handelsblatt. « Cet homme doit sauver l’Europe de Le Pen », résume, de façon lapidaire, l’hebdomadaire Der Spiegel.

Du soulagement, donc, mais aussi de l’espoir. Car pour une grande partie de la presse allemande, l’élimination de « M. 10 000 volts » et la probable qualification de « M. Terne » – deux expressions utilisées ces derniers jours par les journaux pour désigner MM. Sarkozy et Fillon – montrent peut-être aussi que Paris est enfin prête à accomplir, sur le plan économique, les « réformes » souhaitées par Berlin et par Bruxelles.

« Fillon, comme président ne serait pas le pire. Avec lui, la France pourrait faire quelques-unes des réformes qu’elle doit absolument réaliser pour redevenir compétitive », écrit ainsi Die Welt. Des réformes que le gouvernement d’Angela Merkel et les milieux économiques allemands reprochent à Nicolas Sarkozy de ne pas avoir faites, et qu’un François Fillon « aux nerfs solides », comme le décrit Der Spiegel, aura le « courage » de mettre en œuvre.

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