En Argentine, une crise anecdotique aux yeux des Vénézuéliens en exil
Une crise ? Quelle crise ? Francisco Paredes et Andres Kuryga échangent un sourire furtif. « Ici, quand tu vas au supermarché, les rayons sont remplis, souligne le premier. Et tu peux aller librement à la banque acheter des dollars. »
Les deux jeunes hommes, âgés respectivement de 29 et 24 ans, sont de récents porteños (« ceux du port »), comme l’on surnomme les habitants de Buenos Aires. Une ville où ils ont élu domicile après avoir fui le Venezuela. Comparés à l’enfer vécu par leur pays natal, les déboires actuels de l’Argentine, en pleine récession, leur semblent presque anecdotiques. Comme le dit la célèbre formule : « Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console ».
Andres a déménagé en 2016, avide de poursuivre ses études d’ingénierie sans être tourmenté par une insécurité permanente. Professionnel du tourisme, Francisco a décidé, lui, de partir il y a un an, quand la hausse des prix est devenue telle que son salaire mensuel lui permettait uniquement d’acheter une boîte d’œufs. Au Venezuela, les graves pénuries de produits de base et de médicaments minent le quotidien des ménages, tandis que l’inflation devrait atteindre 1 350 000 % en 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI).