En Chine, la fin de l’âge d’or de l’emploi

06 - Mars - 2019

Publié une fois l’an seulement, le taux de chômage en Chine est aussi ­immuable et rassurant que le portrait de Mao place Tiananmen. Et tout aussi trompeur. Car qui peut croire que le chômage n’est vraiment que de 3,8 % ? Mardi 5 mars, dans son discours d’ouverture de la 13e assemblée populaire nationale, le premier ministre Li Keqiang a d’ailleurs estimé que le chômage serait, dans les grandes villes, d’« environ 5,5 % » cette année.

L’annonce, le 15 février, par la plate-forme de VTC Didi, l’un des symboles de la nouvelle économie chinoise, de la suppression de 2 000 emplois, soit 15 % des effectifs, a frappé les esprits.
Jeudi 28 février, devant quelques journalistes, Zhang Liqun, l’un des principaux conseillers économiques du gouvernement, a reconnu crûment que le pays était confronté à trois phénomènes : « Les entreprises exportatrices qui ont réduit leur activité en novembre à cause des tensions commerciales avec les Etats-Unis, les entreprises de main-d’œuvre comme le textile qui déménagent en Asie du Sud-Est, et le remplacement croissant des hommes par des machines. » La situation est donc sérieuse.
Une ville comme Hongkong doit créer 700 000 emplois par an pour éviter que le chômage ne progresse. Les salons consacrés à l’emploi, nombreux en cette saison, constituent un bon baromètre. A Chongqing, mégapole industrielle au centre du pays, le grand salon de janvier ne s’est même pas tenu. « Aucune entreprise ne s’est fait enregistrer. On n’a eu d’autre choix que d’annuler », a expliqué un organisateur au quotidien de Hongkong, le South China Morning Post. Quatre grands salons ont ainsi été ajournés dans cette gigantesque ville, qui a besoin de créer 700 000 emplois par an pour éviter que le chômage ne progresse. Les autorités locales les ont remplacés par des petits salons « destinés à rassurer la population », explique le journal.
A Pékin, le salon qui s’est tenu le 23 février dans le « gymnase des travailleurs », en plein centre-ville, devait recevoir une centaine d’entreprises, selon le site Internet des organisateurs.
En fait, seuls 24 stands étaient oc­cupés, et les entreprises recherchaient essentiellement des vendeurs. « Nous allons recruter 45 personnes cette année. C’est plus qu’en 2018, mais nous n’avons pas le choix. Les marges sont faibles et il nous faut développer notre chiffre d’affaires », témoigne un dirigeant de KBCT, une librairie en ligne qui emploie 150 salariés. « La pression sur les prix est très forte », déplore-t-il. Pour lui, si le chômage n’est pas plus élevé, c’est surtout parce que « le gouvernement oblige, pour des raisons politiques, les grandes entreprises publiques à poursuivre leur recrutement, même si elles perdent de l’argent ».

Autres actualités

27 - Juillet - 2019

Le Maroc, pilier de la politique française au Maghreb

C'est la vitrine d’un axe Paris-Rabat, qui est tout autant politique qu’économique. Inauguré en grande pompe en novembre 2018 par Mohammed VI et Emmanuel Macron, le TGV...

27 - Juillet - 2019

Philippines : deux séismes font huit morts et des dizaines de blessés

Huit personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées lorsque deux séismes successifs ont frappé, samedi 27 juillet, des îles du nord des...

26 - Juillet - 2019

Retour des Etats-Unis mouvementé au Pakistan pour Imran Khan

Après une visite de trois jours aux Etats-Unis, que son entourage a qualifiée de « succès diplomatique » et au terme de laquelle il a dit lui-même ressentir...

26 - Juillet - 2019

Touristes scandinaves décapitées au Maroc : un procès pour l’exemple

Impossible d’apercevoir les visages des prévenus quand le juge Abdellatif Amrani prononce la peine capitale contre Rachid Afatti, Younès Ouziyad et Abdessamad Ejjoud. Les...

25 - Juillet - 2019

La piraterie en Afrique de l’Ouest, « une menace pour tous les pays »

La piraterie maritime dans le golfe de Guinée est une « menace pour tous les pays », au moment où le continent a adopté un traité de libre-échange...