En Colombie, la droite brandit la menace du « castro-chavisme »

23 - Mai - 2018

Le candidat de gauche Gustavo Petro pourrait accéder au second tour de la présidentielle.

Gustavo Petro à Bogota, le 17 mai. HENRY ROMERO / REUTERS
La Colombie va-t-elle virer à gauche ? L’hypothèse a de quoi faire sourire : tous les sondages donnent gagnant le candidat de la droite dure, Ivan Duque, au second tour de la présidentielle, le 17 juin. Mais les « pétristes » croient à la victoire. Leur candidat, Gustavo Petro, est crédité de 24 à 31 % des intentions de vote pour le premier tour, ce dimanche 27 mai. Sauf surprise, le candidat indépendant de gauche devrait donc se retrouver en ballottage : du jamais-vu dans un pays où « les élections se jouent depuis toujours entre la droite et l’extrême droite », selon la formule du sociologue Hernando Gomez Buendia. Lors des législatives de mars, les candidats de Gustavo Petro avaient obtenu deux sièges de député sur 172 et sept sièges au Sénat sur 108. On est loin d’une majorité parlementaire.
M. Petro évite de se dire socialiste ou même de gauche. L’existence d’une guérilla marxiste et la faillite économique de la révolution bolivarienne dans le Venezuela voisin ont discrédité le terme. Mais il se pose en candidat de l’anti-establishment et s’est présenté sans parti, ce qui n’est pas de nature à rassurer ceux qui – à droite et à gauche – voient en lui un égotiste populiste.
Talent oratoire

Au pouvoir depuis 2010, le président Juan Manuel Santos a négocié la paix avec la guérilla des FARC, devenue un parti politique. L’accord signé fin 2016 lui a valu la haine de la droite dure, qui lui reproche d’avoir « cédé aux terroristes ». Ivan Duque, lui, prône une révision des accords et prétend envoyer les chefs guérilleros démobilisés en prison.
Plus encore que l’application de l’accord de paix, le programme réformateur de Gustavo Petro et son talent oratoire font peur à la droite qui, depuis des mois, brandit la menace du « castro-chavisme ». « Vous comprenez, vous, qu’un candidat de gauche ait ses chances quand on voit le désastre du Venezuela ? », interroge Javier Angel, médecin. « Le Venezuela bouffe de la merde et la Colombie veut y goûter », résume plus vulgairement un partisan d’Ivan Duque, à la lecture des sondages. Sur les réseaux sociaux, fausses informations et menaces vont bon train.

Autres actualités

11 - Avril - 2018

Birmanie : la justice maintient les poursuites contre des journalistes de Reuters

es deux reporters sont accusés d’« atteinte au secret d’Etat » pour avoir enquêté sur un massacre de Rohingya. Ils risquent quatorze ans de prison....

10 - Avril - 2018

En Guinée, un opposant condamné à 18 mois de prison pour « outrage » au président Condé

brahima Sory Camara, membre du parti de Cellou Dalein Diallo, avait tenu des propos jugés diffamatoires sur les réseaux sociaux. Le chef de l’Etat guinéen, Alpha...

10 - Avril - 2018

Bruxelles et Varsovie jouent la détente sur l’Etat de droit

En visite en Pologne, Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne, n’a pas obtenu les concessions espérées. Frans Timmermans (à...

09 - Avril - 2018

Après un long séjour aux Etats-Unis, le prince héritier saoudien « MBS » de passage à Paris

Mohammed Ben Salman mise désormais tout sur sa relation privilégiée avec les Etats-Unis. La France est redevenue ce qu’elle était : un partenaire, de second...

09 - Avril - 2018

Nucléaire iranien : la mise en garde de Téhéran à Washington

Donald Trump avait menacé en janvier de sortir son pays de l’accord le 12 mai, à l’expiration d’un ultimatum lancé aux Européens pour durcir le...