En Colombie, le retour de la droite dure
Le président élu Ivan Duque, adversaire déclaré de l’accord de paix avec les FARC, entend « corriger » le texte.
Fidèle à elle-même, la Colombie a voté à droite. Le candidat Ivan Duque a remporté le second tour de l’élection présidentielle avec 53,98 % des voix. Mais, avec 41,81 % des voix, son rival Gustavo Petro obtient un score historique dans ce pays où la gauche a toujours été très minoritaire dans les urnes. Le nombre de votes blancs – ils sont comptabilisés en Colombie – a été de 4,21 %. Candidat du mal nommé Centre démocratique (CD), le parti fondé et dirigé par l’ancien président Alvaro Uribe, Ivan Duque a pris la tête d’une large coalition pour ce second tour. Il a reçu l’appui des secteurs les plus conservateurs du pays et des évangéliques.
Au soir de la victoire d’Ivan Duque, deux questions accaparaient les débats. Ivan Duque va-t-il prendre le risque de rompre la paix signée par son prédécesseur, Juan Manuel Santos, avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), aujourd’hui démobilisées ? Alvaro Uribe qui, de 2002 à 2010, avait mené une guerre frontale contre la guérilla n’a cessé de tirer à boulets rouges sur le processus de paix.
La seconde question, liée à la première, concerne la marge de manœuvre d’Ivan Duque face à Alvaro Uribe, qui l’a propulsé au pouvoir. « Duque sera-t-il la marionnette d’Uribe ? », demandent ses adversaires. « Alvaro Uribe sera sénateur et je serai le chef de l’Etat », a toujours répondu l’intéressé au cours de sa campagne.
« Bon sens »
En 2016, Ivan Duque avait fait campagne comme tous les membres du CD pour le non au référendum sur la paix. Victorieux de peu, ce non avait conduit à une renégociation partielle de l’accord, jugée illégitime par le CD. Personne n’a oublié les mots de Fernando Londoño, ancien ministre d’Alvaro Uribe, promettant en mai 2017 de « déchirer en mille morceaux l’accord de paix » lorsque le CD reviendrait au pouvoir, ce qui est désormais chose faite. Ivan Duque a répété dimanche, comme il l’avait fait au cours de sa campagne.