En Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny demeure une icône
« Je décréterai férié le jour anniversaire de sa naissance », lance la députée Véronique Aka. Vingt-cinq ans après sa mort, Félix Houphouët-Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire, reste une icône dans son pays où son héritage subit toutefois des critiques. Ses discours sont cités à toutes les sauces et son nom est devenu un « fonds de commerce politique » pour nombre de politiciens qui se réclament de lui.
Né le 18 octobre 1905, Félix Houphouët-Boigny (FHB) a conduit son pays, ex-colonie française, à l’indépendance en 1960, puis l’a dirigé pendant 33 ans, avec comme instrument politique le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, l’ex-parti unique) qu’il a créé en 1946. « On va attendre un siècle pour retrouver un homme de son acabit, doté d’un destin hors norme », estime Amara Essy, son ancien ministre des affaires étrangères (1990-1999), qui souligne que le « sage de l’Afrique » voulait « construire un Etat avec des valeurs et des principes, puis ensuite une nation ».
Le « miracle économique ivoirien »
« Ce qui m’a impressionné chez ce monsieur, c’est sa capacité d’analyse des relations internationales, mieux que certains grands dirigeants des pays développés. Il avait prédit que le système communiste n’allait jamais atteindre le centenaire, parce qu’inhumain », explique l’ancien diplomate, qui a été secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), puis président par intérim de la Commission de l’Union africaine (ex-OUA) entre 2001 et 2003.
Adepte du libéralisme, le « pays d’Houphouët » (un surnom de la Côte d’Ivoire) va connaître une croissance vertigineuse dans les deux décennies suivant son indépendance, portée par le secteur agricole, au point qu’on a parlé de « miracle économique ivoirien ». Citée en exemple pour sa stabilité politique, la Côte d’Ivoire se hissera au rang de première puissance économique d’Afrique francophone, devenant le premier producteur mondial de cacao avec 40 % du marché.