En Israël, Benny Gantz échoue à former un gouvernement d’union avec Nétanyahou

16 - Avril - 2020

Israël marche-t-il en somnambule vers de quatrièmes élections législatives en à peine plus d’un an ? Cette perspective se fait plus concrète, alors que le mandat de Benny Gantz pour former un gouvernement a expiré, mercredi 15 avril à minuit, sans que le général ait trouvé un accord avec le premier ministre, Benyamin Nétanyahou.

La question n’est plus de savoir qui pourrait diriger le pays : M. Nétanyahou demeure le seul candidat viable, depuis que le général Gantz a fait voler en éclats sa propre majorité de 61 députés (sur 120) et son mouvement, Bleu Blanc, le 26 mars, dans l’espoir de rejoindre un gouvernement d’union.

Las de cet attelage improbable qui l’associait à la fois aux partis arabes et à l’ultranationaliste Avigdor Liberman, M. Gantz négocie depuis lors un accord de rotation à la tête du gouvernement, qui le verrait succéder à M. Nétanyahou dans dix-huit mois, en octobre 2021. Une éternité dans le temps politique israélien, durant laquelle le général dispose de peu de garanties que son partenaire ne revienne sur sa promesse.

Ce manque de confiance mine les négociations qui se sont poursuivies tard mercredi soir, et dans lesquelles les marges de manœuvre de M. Gantz ne cessent de s’effriter. Il ne dispose plus que d’une faction d’une quinzaine de députés à la Knesset. S’il échoue à rejoindre le gouvernement, cet homme élu sur la promesse de mettre fin à plus de dix ans de pouvoir de M. Nétanyahou a toutes les chances d’être balayé, lors d’un nouveau scrutin. « C’est notre moment de vérité : ce sera soit un gouvernement d’urgence nationale, soit une quatrième élection redondante », déclarait-il mercredi dans la nuit, alors que M. Nétanyahou s’est engagé à poursuivre leurs discussions.
Crise sanitaire

Si le président, Réuven Rivlin, n’accorde pas aux deux hommes de nouveau délais, leurs pourparlers se poursuivront à la Knesset, qui aura trois semaines pour trouver une majorité. Sans quoi, un nouveau scrutin, qui devra être organisé dans trois mois, sera inévitable. Il serait éreintant pour les institutions comme pour la confiance des Israéliens dans l’Etat, en temps de crise sanitaire.

M. Nétayahou, qui demeure à la tête d’un gouvernement de transition depuis la fin 2019, peut pourtant se permettre de faire traîner l’affaire. Il peut espérer attirer à lui les deux parlementaires qui lui manquent pour obtenir une majorité étroite. En tout état de cause, les sondages donnent sa coalition de droite victorieuse si de nouvelles élections avaient lieu dès aujourd’hui. Il aurait alors les moyens de faire voter par le Parlement une loi d’immunité lui garantissant de demeurer au pouvoir durant son procès pour corruption, fraude et abus de confiance, qui doit s’ouvrir en mai.

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