En Israël, la démission du ministre de la défense provoque un séisme politique

15 - Novembre - 2018

vigdor Lieberman a joué au mieux, politiquement, avec la main dont il disposait. En démissionnant avec fracas, mercredi 14 novembre, le ministre israélien de la défense a voulu dénoncer la « capitulation devant le terrorisme », validée la veille par le cabinet de sécurité sous la pression de Benyamin Nétanyahou.
Une nouvelle tentative de cessez-le-feu avait été conclue avec les factions palestiniennes dans la bande de Gaza, après une pluie de tirs en provenance du territoire enclavé. Près de 460 tirs de roquettes avaient été comptés en réponse à une opération clandestine israélienne à l’est de Khan Younès, dimanche, qui avait mal tourné. En réaction, l’armée a déclenché 160 frappes contre des cibles du Hamas et du Jihad islamique, à la portée mesurée.
Malgré cette séquence sans précédent depuis la dernière guerre, à l’été 2014, M. Nétanyahou et le Hamas ont décidé, mardi, de poursuivre le pari fragile d’un cessez-le-feu. Le premier ministre a pris un risque politique par aversion d’un risque plus grand encore, la guerre.
Avigdor Lieberman a saisi l’occasion pour se démarquer. Le démissionnaire a accusé le chef du gouvernement, sans le nommer, d’« acheter du calme à court terme au prix de notre sécurité à long terme ». Il a dénoncé l’acheminement vers Gaza de 15 millions de dollars (13,3 millions d’euros), offerts par le Qatar pour payer les fonctionnaires sur place ; une forme de financement du Hamas dont Benyamin Nétanyahou paraît complice aux yeux de la droite nationaliste. Celle-ci ne croit qu’au son du canon, sans présenter la moindre stratégie crédible pour Gaza. En claquant la porte, Avigdor Lieberman espère capitaliser politiquement, alors que son parti, Israël Beitenou, flirte dans les sondages avec le seuil nécessaire pour entrer au Parlement. Connu pour ses déclarations à l’emporte-pièce, le vétéran de la droite israélienne s’était fait prudent depuis son retour au gouvernement, il y a deux ans. Il emboîtait le pas fixé par le chef d’état-major, Gadi Eizenkot, tout en critiquant l’idée d’un accord avec le Hamas.

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