En RDC, la politique de la mort

27 - Mars - 2017

En RDC, la politique de la mort

Analyse. Aux confins de la République démocratique du Congo, pays d’Afrique francophone dont les structures étatiques sont en déréliction, des foyers de violences font couler le sang et fuir les gens. Et la capitale n’est pas épargnée.

Le temps des grandes rébellions soutenues par des pays voisins appartient au passé. De la deuxième guerre du Congo (1998-2002), impliquant neuf pays africains et causant des millions de morts, l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a hérité la misère, l’abandon de Kinshasa et soixante-dix groupes armés, locaux et étrangers, qui errent toujours dans la région et poursuivent leurs exactions.
Ces derniers mois, des foyers de violence sont apparus aux confins du plus grand pays d’Afrique francophone. Des affrontements, des massacres, des déplacements massifs de populations. Chaque jour, on s’entre-tue ou on fuit la mort en RDC. Une myriade de conflits locaux font couler le sang et nul ne sait s’ils sont téléguidés ou attisés par les hommes politiques de la capitale, comme le soupçonnent l’opposition et certains diplomates occidentaux.

« La politique, c’est ce qui paie », dit l’adage que rappelle sans complexe un conseiller du président Joseph Kabila. La politique, en RDC, peut aussi tuer. Mais cela, on ne le disait pas. Jusqu’à ce que la crise en cours dans le Kasaï le rappelle brutalement.
Cette province difficile d’accès comme toutes celles de l’intérieur du pays a pourtant offert à l’ancien Zaïre son plus grand héros, Patrice Lumumba, mais aussi son opposant historique, Etienne Tshisekedi. Le premier a été assassiné en janvier 1961. Le second est mort le 1er février, à Bruxelles, où son corps repose toujours dans une chambre froide en attendant un rapatriement sans cesse repoussé.
Sales besognes
Aujourd’hui, l’homme mort du Kasaï dont on parle est plus mystérieux. Kamwina Nsapu, chef coutumier et leader mystique, avait refusé de se soumettre au pouvoir central. Originaire de la région, l’ancien ministre de l’intérieur, Evariste Boshab, s’est chargé des sales besognes. Dès 2015, il a restructuré les chefferies coutumières en favorisant, à des fins politiques, des notables affiliés au PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), le parti au pouvoir. Il a aussi imposé son frère à la tête de l’association qui les chapeaute.
De quoi provoquer l’ire de rois et chefs traditionnels, dont Kamwina Nsapu. Ce dernier, au nom de la préservation d’une gouvernance ancestrale, a allumé les feux de la révolte. Il sera tué en août 2016 au cours d’une opération de police.
Depuis, ses fidèles ont recruté femmes et enfants pour constituer une milice et affronter les forces...

Autres actualités

18 - Avril - 2018

« Macron se heurte en Europe à des résistances qui menacent de bloquer son programme »

Face à l’opposition que ses ambitions réformatrices rencontrent en Europe, le président français cherche à réveiller l’esprit de la...

17 - Avril - 2018

Cuba ne sera plus dirigée par un Castro

Raul Castro, 86 ans, devrait céder, jeudi 19 avril, son fauteuil de président à son dauphin, Miguel Diaz-Canel, 57 ans. Bilan de dix ans de règne de Raul, qui reste...

17 - Avril - 2018

Les Palestiniens et le défi de la résistance populaire

Analyse. Les Palestiniens traversent une crise existentielle. Leur défiance à l’égard de leurs propres dirigeants égale presque leur ressentiment contre...

14 - Avril - 2018

Mondialisation : « Le Royaume-Uni ne devrait pas être traité comme n’importe quel pays tiers »

Kalypso Nicolaïdis, professeure à Oxford, esquisse dans une tribune au « Monde » les voies et les moyens d’une relation différente mais compatible entre...

14 - Avril - 2018

Washington, Londres et Paris frappent le régime syrien pour tenter de rétablir une « ligne rouge »

L’opération a visé des sites militaires et un centre de recherche soupçonnés d’héberger le programme chimique du régime, près de Homs...