En Turquie, des militaires écroués pour un coup d’Etat… en 1997
Quatorze généraux à la retraite, souffrant de pathologies multiples, ont été condamnés à la prison à perpétuité. Une vengeance du camp islamo-conservateur et du président Erdogan.
La vengeance est un plat qui se mange froid, les adeptes de l’islam politique turc en savent quelque chose. Reconnus coupables d’avoir « renversé par la force le gouvernement de la République de Turquie » il y a bientôt vingt-cinq ans, quatorze généraux à la retraite ont été écroués, jeudi 19 août. Un mois plus tôt, la Cour de cassation avait confirmé leurs peines de réclusion à perpétuité pour leur implication dans la rédaction du mémorandum publié par l’armée turque le 28 février 1997.
Cette journée est restée dans les annales comme celle du « coup d’Etat postmoderne ». Contrairement aux autres putschs (1960, 1971, 1980, 2016), celui-ci n’a pas fait de victimes, aboutissant à la dissolution du gouvernement dirigé à l’époque par le chantre de l’islam politique turc Necmettin Erbakan, l’ancien mentor du président Recep Tayyip Erdogan.
Les quatorze condamnés, des vieillards souffrant de pathologies multiples, ont donc été incarcérés. Parmi eux figurent, entre autres, les généraux Cevik Bir, 82 ans, et Cetin Dogan, 81 ans, tous deux anciens commandants de la 1re armée. L’autonomie de Cetin Dogan, diabétique et cardiaque, est limitée. Même chose pour Cevik Bir, qui souffre de la maladie d’Alzheimer et ne peut se débrouiller seul. Leurs avocats estiment qu’ils auraient dû être libérés pour raisons de santé, mais la Cour de cassation en a décidé autrement.
Quatre mois de prison pour Erdogan
On peut y voir une revanche du camp islamo-conservateur, engagé dans d’interminables règlements de comptes avec l’armée depuis son avènement au pouvoir, en 2002. Le président Erdogan lui-même n’est pas neutre dans ce procès des généraux puisque sa fille, Sümeyye, et son fils Bilal font partie des plaignants. Le putsch « mou » de 1997 est une blessure personnelle, un traumatisme que lui et ses proches ne manquent jamais une occasion de rappeler.