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Etats-Unis : accusé d’agression sexuelle par une femme, Joe Biden sous pression

30 - Avril - 2020

Après son incroyable résurrection lors des primaires démocrates, qui l’a vu s’imposer face au favori Bernie Sanders, l’ancien vice-président, candidat à la Maison Blanche en novembre, se retrouve sous une pression croissante pour répondre à l’accusation d’agression sexuelle d’une ancienne assistante rendue publique à la fin de mars.

Vingt-sept ans après les faits, Tara Reade, 56 ans, accuse Joe Biden de l’avoir agressée sexuellement en 1993, lorsqu’il était sénateur et qu’elle travaillait pour son équipe à Washington. Mme Reade affirme s’être retrouvée seule avec lui dans les couloirs du Congrès.

Sans véritable « échange de mots », a-t-elle témoigné pour la première fois dans un podcast diffusé le 25 mars, « il m’a mise contre le mur », embrassée et « il m’a pénétrée avec ses doigts ». Le 9 avril, elle a présenté un rapport à la police de Washington, dans lequel elle affirme avoir été « victime d’une agression sexuelle » en 1993, mais sans citer le nom de Joe Biden. « Ce rapport est classé », a fait savoir mercredi un porte-parole de la police, sans donner plus de précisions.

Consciente que les faits étaient prescrits, Tara Reade a expliqué au journal conservateur Washington Examiner qu’elle avait présenté ce rapport afin de démontrer qu’elle était prête à faire une déclaration sous serment. « Cela n’est absolument pas arrivé », a répondu le 13 avril la porte-parole du démocrate, Kate Bedingfield. « Ce qui est clair avec cette affirmation : elle n’est pas vraie. »
Un silence assourdissant

Face à Tara Reade, le candidat démocrate à la Maison Blanche oppose un silence assourdissant, tandis que son équipe ne s’est fendue que d’un démenti ferme, à la mi-avril, auquel elle renvoie depuis. Aucune question ces dernières semaines dans les interviews que Joe Biden, 77 ans, donne depuis son domicile dans le Delaware, où il est confiné à cause du coronavirus. Aucune mention dans les nombreuses tables rondes qu’il anime.

Mercredi 29 avril au soir, le candidat démocrate à la Maison Blanche a mis en avant son bilan dans la lutte contre les violences faites aux femmes mais sans évoquer l’affaire. M. Biden a été interrogé sur les agressions sexuelles… mais dans l’armée. Sans un mot sur les graves accusations de Tara Reade, il a saisi cette opportunité, lors d’une levée de fonds par visioconférence, pour rappeler qu’il avait coprésenté une loi adoptée en 1994 pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Il a aussi affirmé qu’il avait œuvré, sous la présidence de Barack Obama, pour lutter contre les agressions sexuelles dans les universités. « En tant que vice-président, je me suis battu pour » que des avocats spécialisés soient déployés dans l’armée, a-t-il ajouté. « Toutes les options son, selon moi, sur la table pour en finir avec ce fléau » dans l’armée, a-t-il dit.

Tara Reade : le nom de son accusatrice trône au sommet du compte Twitter du chef de campagne de Donald Trump, qui jouera sa réélection en novembre. L’équipe de M. Trump, lui-même accusé par plusieurs femmes de harcèlement et d’agressions ces dernières années, attaque Joe Biden et ses soutiens en employant des mots particulièrement embarrassants. Ceux de l’ancien vice-président de Barack Obama lui-même, qui a dit, et répété, qu’il « faut du courage pour dénoncer une agression sexuelle », en appelant à écouter les victimes.
« Il devrait abandonner la course »

Il y a un an, Tara Reade avait accusé, avec d’autres femmes, Joe Biden de gestes qu’elles jugeaient gênants mais ne relevant pas d’une agression sexuelle. Le New York Times l’a depuis interviewée à plusieurs reprises, ainsi que ses proches et une vingtaine de personnes qui ont travaillé avec M. Biden à l’époque des faits.

Une amie de Tara Reade a confirmé au journal qu’elle lui avait « raconté les détails de cette accusation à l’époque ». Une autre amie et le frère de Mme Reade « ont déclaré qu’elle leur avait parlé, plus tard, d’un événement traumatisant d’ordre sexuel impliquant M. Biden ». Plusieurs anciens collaborateurs de Joe Biden travaillant au Sénat à la même époque qu’elle ont en revanche affirmé n’en avoir jamais entendu parler. « Aucune autre accusation d’agression sexuelle n’est apparue au cours de cette enquête » parue le 14 avril, a souligné le journal.

Depuis une semaine, les sites The Intercept et Business Insider ont publié de nouveaux éléments et le témoignage d’une ancienne voisine disant que Tara Reade lui avait raconté cette agression. Plusieurs partisans de Bernie Sanders, ex-rival de Joe Biden de la primaire du Parti démocrate, l’ont appelé à retirer sa candidature.

Prétendre « que Trump ne va pas faire ses choux gras de l’hypocrisie du Parti démocrate » face aux victimes présumées « ne me semble pas être une bonne idée », a tweeté mardi Claire Sandberg, ancienne membre de l’équipe de campagne de Bernie Sanders. « Par respect pour les victimes et pour le bien de son pays, il devrait abandonner la course. »

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