Etats-Unis : de Barack Obama à Donald Trump, la lourde transition du pouvoir

12 - Novembre - 2016

Etats-Unis : de Barack Obama à Donald Trump, la lourde transition du pouvoir

De son élection au 20 janvier, le 45e président des Etats-Unis a 73 jours pour prendre connaissance des dossiers de la Maison Blanche. Il a d’ores et déjà modifié et étoffé son équipe de transition, menée par Mike Pence.
Après une longue et rude campagne ayant abouti à son élection le 9 novembre, le futur président des Etats-Unis, Donald Trump, doit s’atteler à une tâche tout aussi importante : la constitution de son administration.

Celui qui deviendra le 20 janvier le 45e président américain doit maintenant réfléchir à la composition de son gouvernement et prendre connaissance des dossiers en cours à la Maison Blanche. Mais avant de devenir le nouvel occupant du bureau Ovale, il a aussi la lourde tâche de recruter plus de quatre mille membres de l’administration fédérale.

« Spoil system »

C’est ce qu’on appelle le spoil system. Les principaux postes de la haute administration sont remplacés à chaque changement de présidence et attribués à des personnes proches politiquement du nouveau président. En France, au contraire, la tradition est plutôt l’inverse. Les dirigeants des grandes entreprises publiques et les responsables d’administration restent en général en place après un changement de majorité. Un principe que certains dénoncent à droite, comme Nicolas Sarkozy, qui a toujours plaidé pour un spoil system à la française, et même à gauche, à l’instar de Thierry Mandon, actuel secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur.

Aux Etats-Unis, les membres de l’administration fédérale sont donc prévenus : ils quitteront leur poste à la fin du mandat présidentiel. Les quatre mille cent nouveaux membres de l’administration seront nommés par Donald Trump, douze cents d’entre eux occupant des postes à haute responsabilité (les ministres, leurs adjoints, les dirigeants des principales agences gouvernementales et les ambassadeurs) devront d’abord être proposés et auditionnés au Sénat – à majorité républicaine.

Du 9 novembre au 20 janvier, le président élu dispose donc de seulement soixante-treize jours pour mettre en place une nouvelle équipe qui pourrait lui permettre d’engager des réformes dès le début de son mandat.

Pour faciliter au mieux la transition entre les deux administrations et ne pas bloquer le pays, un texte de 2010, le Pre-Election Presidential Transition Act, prévoit que l’administration des services généraux fournisse dès le mois de juillet précédant l’élection des locaux et du matériel aux candidats investis par les deux principaux partis. Le Presidential Transitions Improvements Act de 2015 a lui renforcé cette transition en prévoyant la mise en place de deux équipes, l’une pour la Maison Blanche, l’autre pour les agences fédérales, chargées de préparer, six mois avant l’élection présidentielle, le transfert des pouvoirs en informant les équipes des deux candidats.

Avant même l’élection, Donald Trump et Hillary Clinton avaient ainsi installé leurs équipes de transition dans un même immeuble – mais pas au même étage – situé à quelques encablures de la Maison Blanche.
L’équipe d’Obama veut prendre l’exemple de Bush

Depuis le 9 novembre, les douze personnes de l’équipe de transition de Mme Clinton ont vu leur mission s’envoler. Celle de M. Trump est désormais gérée par son vice-président, Mike Pence, à la place du gouverneur du New Jersey, Chris Christie, affaibli par la condamnation de deux proches dans un scandale politique.

Ce dernier secondera toutefois M. Pence en compagnie notamment du neurochirurgien Ben Carson, ancien candidat à la présidentielle. L’équipe sera également composée de trois des enfants du milliardaire, du président du Parti républicain, Reince Priebus, et de Stephen Bannon, par ailleurs directeur du site d’informations ultraconservateur Breitbart News. Y figurent également Newt Gingrich, le général à la retraite Michael Flynn, l’ancien maire de New York Rudy Giulani et le sénateur Jeff Sessions.

Le président élu et son équipe vont donc devoir agir vite s’ils veulent trouver un nombre suffisant de collaborateurs qui leur permettront de mener à bien leurs premiers objectifs sur la santé, l’immigration et l’emploi. Pour le moment, seuls un site Web, GreatAgain.gov, et un compte Twitter ont été créés pour, à terme, tenir les Américains informés des avancées de cette transition.

L’administration sortante, elle, a pour rôle de mettre à disposition du futur locataire de la Maison Blanche les dossiers qui pourront servir à sa prise de fonctions. C’est notamment dans ce cadre que Barack Obama a invité Donald Trump dans le bureau Ovale jeudi 10 novembre, insistant sur sa volonté d’assurer la transition de manière aussi efficace que possible. Le président sortant a notamment demandé à ses équipes de suivre l’exemple de l’administration Bush, qui avait permis de mettre en place en 2008 une transition « professionnelle et lisse ». Un passage de pouvoir efficace qui avait permis à M. Obama de signer plusieurs décrets présidentiels dans les deux premières semaines de son mandat et qui avait ouvert la voie aux principales réformes fondatrice de son mandat.

Agenda opaque

Le milliardaire a en tout cas dû très vite enfiler son costume présidentiel. Depuis leur élection, Donald Trump et son vice-président reçoivent, au même titre que Barack Obama et Joe Biden, des informations quotidiennes des services de renseignement américains. L’équipe de M. Obama a par ailleurs prévu de tenir en décembre un exercice de simulation de guerre afin de préparer M. Trump et son équipe à l’éventualité d’une menace pour la sécurité nationale. Un second exercice de ce type devrait avoir lieu en janvier, quelques jours avant que l’homme d’affaires ait officiellement accès aux codes nucléaires, rappelle le New York Times.

Nul doute que l’agenda de M. Trump sera très rempli d’ici au 20 janvier, mais le magnat de l’immobilier s’est pour le moment bien gardé de communiquer sur ses différents rendez-vous. Vendredi matin, quelques heures avant de s’entretenir par téléphone avec François Hollande, il s’est contenté d’annoncer sur Twitter une « journée chargée à New York ».

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