Ex-espion empoisonné : Londres en quête de soutien international à l’ONU

15 - Mars - 2018

Les Britanniques ont demandé à leurs alliés « de se tenir à leurs côtés ». Moscou dément catégoriquement sa responsabilité dans l’attaque.

Les représentants de la Russie et du Royaume-Uni au Conseil de sécurité de l’ONU, à New York, le 14 mars. 
D’ordinaire, lorsque le Conseil de sécurité se réunit en urgence sur l’utilisation d’armes chimiques, la scène du crime se situe en Syrie, dans les faubourgs de Damas, à Alep ou Khan Cheikhoun. Situation inédite, les diplomates ont été saisis, à la demande du Royaume-Uni, mercredi 14 mars, de « l’affaire Skripal », du nom de cet ex-espion russe empoisonné avec sa fille Youlia dans la petite ville de Salisbury le 4 mars.
Londres accuse Moscou d’avoir tenté d’assassiner cet homme et sa fille avec du Novitchok, un puissant neurotoxique de qualité militaire. « Une substance, si horrible qu’elle est interdite dans les guerres, a été utilisée dans une petite ville paisible de mon pays », a souligné le représentant adjoint du Royaume-Uni, Jonathan Allen. Il a demandé à ses alliés de se tenir « aux côtés » des Britanniques face à cette « menace sur la paix et la sécurité », sans que soient très claires les suites à donner, aux Nations unies, à cette crise diplomatique entre deux Etats membres permanents du Conseil de sécurité.

L’affaire a toutefois pris une tournure plus internationale. Washington, par la voix de son ambassadrice à l’ONU Nikki Haley, a accusé Moscou « d’être responsable (…) de ce crime atroce » et demandé une action du Conseil de sécurité car « si nous ne prenons pas des mesures immédiates et concrètes (…), Salisbury ne sera pas le dernier endroit où des armes chimiques sont utilisées ».

Particulièrement en verve, l’ambassadeur russe, Vassily Nebenzia, a d’abord salué avec une ironie grinçante les talents de « chimiste expérimentée » de son homologue américaine, avant de dénoncer « la présomption de culpabilité qui prévaut sur la présomption d’innocence ». A quelques jours d’une élection présidentielle, dimanche 18 mars, et d’une Coupe du monde de football en juin, quel intérêt la Russie avait-elle à l’élimination de l’agent Skripal « qui ne représentait plus aucune menace », a-t-il interrogé ? Avant de lancer, sibyllin, à l’adresse des Britanniques et des Américains : « Je sais qu‘il y a des pays à qui profiterait la culpabilité de la Russie. »
L’empoignade russo-britannique s’est poursuivie sur le terrain très scientifique de la fabrication du Novitchok. L’ambassadeur Allen a estimé qu’il « n’avait pas pu être fabriqué par des acteurs non étatiques », mais que l’histoire prouvait que cet agent « avait été développé par l’Union soviétique puis légué à la Russie ». Cela lui a valu une nouvelle rodomontade musclée de M. Nebenzia : « Si les Britanniques sont capables de dire qu’il s’agit de Novitchok, c’est qu’ils possèdent des “échantillons standards” », a jugé le Russe, estimant qu’ils sont donc « bien capables d’en produire eux-mêmes ».
Paris, de son côté, a assuré le Royaume-Uni de sa « solidarité pleine et totale » en se gardant pour l’instant de souligner la responsabilité de Moscou. « Nous avons atteint une dimension nouvelle », s’est alarmé François Delattre, le représentant français à l’ONU, à savoir « l’utilisation d’une substance jamais déclarée à l’OIAC [Organisation pour l’Interdiction des armes chimiques] dans un lieu public sur le territoire d’un pays européen. »

Autres actualités

19 - Octobre - 2019

Au Mexique, la libération forcée d’un fils d’« El Chapo » embarrasse le gouvernement

La polémique ne cessait d’enfler au Mexique au lendemain de la libération, jeudi 17 octobre, d’un des fils du célèbre narcotrafiquant Joaquin Guzman, alias...

19 - Octobre - 2019

En RDC, l’Eglise catholique se lance dans la bataille anticorruption

C’est un nouveau combat qu’entame Isidore Ndaywel e Nziem, 75 ans, intellectuel respecté, à la tête du Comité laïc de coordination (CLC). Ce collectif...

18 - Octobre - 2019

Brexit : le miracle de Bruxelles se reproduira-t-il à Westminster ?

Un petit miracle a eu lieu, jeudi 17 octobre à Bruxelles. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, est parvenu, en une semaine à peine de négociations, à...

18 - Octobre - 2019

Au Malawi, des policiers soupçonnés de viols en marge de manifestations post-électorales

La police du Malawi a ouvert, jeudi 17 octobre, une enquête pour viols et tortures à la suite d’allégations d’organisations des droits humains visant des policiers...

16 - Octobre - 2019

Face au tollé international provoqué par son offensive en Syrie, Erdogan durcit le ton

Recep Tayyip Erdogan, continue de faire monter la pression. Le président turc a de nouveau rejeté, mercredi 16 octobre, toute possibilité de cessez-le-feu dans le nord de la...