Face à la flambée des prix de l’immobilier, Berlin décrète un gel des loyers

19 - Juin - 2019

Qu’elle semble lointaine l’époque où l’on trouvait sans difficulté, en plein centre de Berlin, d’immenses appartements à louer pour une bouchée de pain. Depuis une décennie, une bulle immobilière ne cesse de gonfler dans la capitale allemande.
Entraînés par la hausse du foncier, une démographie dynamique et un marché du travail florissant, les loyers y ont crû de façon vertigineuse : 39 % au cours de cette période d’après la mairie, bien plus selon d’autres études. Les salaires moyens, eux, ne suivent pas. Résultat : le logement engloutit plus du quart des revenus des Berlinois. La colère monte au sein d’une ville où 80 % des résidents sont locataires.

Après avoir tenté d’endiguer la montée des prix grâce à des mesures au succès contrasté, le Sénat de Berlin – le gouvernement régional de la ville-Etat (Land) – a frappé un grand coup, mardi 18 juin, en décrétant un gel pur et simple des loyers. La mesure devrait entrer en vigueur début 2020 et concerner environ 1,5 million d’appartements, soit la quasi-totalité du parc locatif privé, à en croire la mairie.
Un plafonnement est aussi prévu, dont le montant est à définir, que les locataires pourront faire valoir pour exiger de leur propriétaire une baisse de tout loyer supérieur à la limite. Les autorités entendent aussi limiter les abus liés aux rénovations d’appartement.
Ainsi, toute hausse de loyer de plus de 50 centimes au mètre carré, après des travaux, devra dorénavant recevoir l’aval de la mairie. Pour les locataires, c’en est fini de la hantise du déménagement, souvent synonyme de signature d’un nouveau bail à un prix fortement majoré.

Le dernier loyer en vigueur ne pourra être augmenté si les lieux ne sont pas rénovés.
Habitants excédés
Les propriétaires, eux, auront la possibilité de demander à la mairie l’autorisation d’augmenter un loyer « en cas de difficultés économiques ». Hormis cette exception, les contrevenants s’exposent à une amende pouvant atteindre 500 000 euros. « Se loger est un droit fondamental, inscrit à juste titre dans la Constitution du Land de Berlin », s’est félicitée Katrin Lompscher, élue d’extrême gauche et responsable du logement dans la capitale. « Nous allons enrayer la surchauffe des loyers. »
Le projet adopté par la coalition de partis de gauche qui gouverne la capitale allemande fera l’objet d’un vote à l’automne au Parlement régional, où la même alliance politique – sociaux-démocrates, ex-communistes et écologistes – dispose d’une large majorité. Son issue est donc certaine. Une fois adoptée, la loi sera appliquée rétroactivement au 18 juin. Seuls les logements sociaux et les nouveaux appartements qui n’ont pas encore été mis en location ne seront pas concernés.

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