Gabon : comment truquer une élection présidentielle pour 75 000 euros ?
Gabon : comment truquer une élection présidentielle pour 75 000 euros ?
Jeudi 8 septembre, quelques minutes seulement avant la fin du délai légal, Jean Ping a finalement déposé un recours devant la Cour constitutionnelle afin de contester le résultat de la présidentielle du 27 août qu’il dit lui avoir été volée.
Son dossier paraît solide. Pourtant, l’ancien cacique du régime gabonais passé dans l’opposition et ex-président de la Commission de l’Union africaine a longuement hésité. Il préjuge de la partialité de cette instance présidée par l’une des belles-mères de président Ali Bongo Ondimba, déclaré vainqueur, dans le tumulte d’émeutes meurtrières, par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap).
Réajustement brutal
Dans cette région d’Afrique centrale où les présidents sortants sont passés maîtres dans l’art de frauder les élections, n’importe quel opposant rêverait sans doute d’avoir entre les mains le dossier déposé par le Gabonais Jean Ping. En effet, n’était la défiance envers la Cour constitutionnelle – surnommée par l’opposition « la tour de Pise » parce qu’elle penche toujours du côté du pouvoir –, les chiffres présentés par la Cénap pour assurer in extremis, et fort maladroitement, la victoire au président sortant résistent mal au moindre test de crédibilité.