Gabon : un millier d’interpellations depuis l’annonce des résultats

02 - Septembre - 2016

Gabon : un millier d’interpellations depuis l’annonce des résultats

La situation est toujours tendue au Gabon, où des violences se poursuivaient, jeudi 1er septembre, près de vingt-quatre heures après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo (49,80 %) à l’élection présidentielle. Un succès contesté par son adversaire, Jean Ping, qui aurait obtenu 48,23 %, mais qui revendique lui aussi la victoire.

Après de nombreux heurts entre police et manifestants, souvent pro-Ping, le ministre de l’intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya, a fait savoir jeudi que plus d’un millier de personnes avaient été interpellées dans tout le pays.
« Les élections ont rendu leur verdict »

M. Bongo, au pouvoir depuis 2009, s’est exprimé dans la soirée lors d’une courte déclaration à la presse au palais présidentiel. Il est notamment revenu sur l’incendie qui a été provoqué mercredi soir à l’Assemblée nationale.

« La démocratie s’accorde mal des succès autoproclamés, des groupuscules formés à la destruction. La démocratie s’accorde mal de la prise d’assaut d’un Parlement et de la télévision nationale. »

« Les élections ont rendu leur verdict (…) Qui a perdu ? Un groupuscule dont le seul projet était de prendre le pouvoir pour se servir du Gabon et non servir le Gabon », a poursuivi le président sortant.
Les violences se poursuivent dans le pays

Après une nuit de pillages et d’émeutes meurtrières déclenchées mercredi soir, les forces de sécurité quadrillent toujours la capitale, Libreville. Les centres névralgiques du pouvoir sont notamment sécurisés par un important dispositif composé de la garde républicaine, de l’armée, de la gendarmerie et de la police antiémeute. Ainsi, aux abords de l’Assemblée, la police a tenté d’empêcher tout attroupement en tirant des grenades de gaz lacrymogène.

De fortes explosions et des coups de feu ont ainsi retenti dans la matinée de jeudi dans le quartier Nkembo, à Libreville, lors de heurts entre forces de l’ordre et des manifestants protestant contre la réélection de M. Bongo, qu’ils jugent irrégulière. L’armée a par ailleurs fouillé le QG de campagne de Jean Ping « de fond en comble » a fait savoir à l’AFP un des responsables de l’opposition, l’ancien vice-président Didjob Ding Duvungui. Ce dernier qui était lui-même en attente de transfert au siège de la gendarmerie jeudi soir pour y être entendu.

Une vingtaine de dirigeants de l’opposition et de la société civile étaient également retenus au QG de M. Ping. Parmi eux, l’ancien ministre d’Omar Bongo Zacharie Myboto. Ce dernier a dit n’avoir reçu ni nourriture ni médicament depuis jeudi matin. « Nous ne voulons surtout pas dormir ici. La cour est dévastée, pleine de sang, et nous nous sentons en totale insécurité », a-t-il fait savoir.

Concernant des victimes, le ministre de l’intérieur, M. Moubelet-Boubeya, a annoncé jeudi soir que trois personnes avaient été tuées.
Une élection jugée irrégulière

Tout a commencé lorsque la commission électorale a annoncé mercredi la réélection du président sortant pour un deuxième septennat avec 49,80 % des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23 %). Ce dernier âgé de 73 ans est un ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, le père d’Ali.

L’écart marginal entre les deux candidats représente une différence de 5 594 voix, sur un total de plus de 627 000 inscrits. Ali Bongo devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46 % pour plus de 99 % de participation. « Les Gabonais n’accepteront pas ces chiffres », a menacé aussitôt les résultats connus un porte-parole de Jean Ping.
Pression de la communauté internationale

Comme l’opposition, l’Union européenne, la France et les Etats-Unis ont demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon. « Jean Ping réaffirme vigoureusement, en accord avec l’Union européenne et les Etats-Unis, que le recomptage bureau par bureau devient le seul moyen de garantir désormais la loyauté du scrutin », ont dit son chargé de communication au Gabon, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, et son avocat à Paris, Me Eric Moutet.

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a ainsi qualifié jeudi la situation de « crise profonde ». « Il est important que tous les acteurs rejettent la violence et appellent au calme, écrit-elle dans un communiqué. Toute contestation doit se faire avec des moyens pacifiques afin d’éviter l’embrasement du pays. »

François Hollande, de son côté, a fait part jeudi dans un communiqué de « sa profonde inquiétude et de sa grande préoccupation ». Le chef d’Etat a également appelé « toutes les parties à la retenue et à l’apaisement, ce qui suppose un processus garantissant la transparence sur les résultats du scrutin ».

Les Etats-Unis ont aussi exprimé leur vive inquiétude. « Les élections doivent refléter de manière crédible la volonté du peuple », a souligné le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, appelant les forces de sécurité à respecter les droits des citoyens, et les manifestants à garder le calme.

 

Autres actualités

25 - Avril - 2019

Attentats au Sri Lanka : la traque de suspects continue avec le renfort de l’armée

Le Sri Lanka était toujours, jeudi 25 avril, sous le choc des attentats djihadistes de Pâques qui ont fait 359 morts et quelque 500 blessés, selon le dernier bilan officiel,...

24 - Avril - 2019

En froid avec Trump, la Corée du Nord se tourne vers la Russie, l’ancien « pays frère »

La première rencontre entre le président Vladimir Poutine et le dirigeant Kim Jong-un, qui aura lieu à Vladivostok, jeudi 25 avril, a une signification particulière...

23 - Avril - 2019

Le djihadisme frappe les chrétiens du Sri Lanka

La série d’attentats kamikazes qui a fauché plus de 300 vies au Sri Lanka dans des églises et des hôtels lors des sanglantes Pâques du 21 avril rappelle...

23 - Avril - 2019

Européennes : Angela Merkel, nouvelle bête noire de LRM

C’est une musique qui va crescendo. Plus les semaines passent et plus les responsables de la campagne européenne de La République en marche (LRM) n’hésitent pas...

20 - Avril - 2019

A Yalta, en Crimée, la Russie réunit ses soutiens de tout bord

Entre « amis de la Russie », ils se sont retrouvés en Crimée. Plusieurs représentants de mouvements populistes européens participent depuis jeudi 18 avril...