">

Gbagbo acquitté par la CPI : comment le dossier de l’accusation s’est effondré

16 - Janvier - 2019

C’est en prison que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont connu leur première nuit d’acquittés. Dès la fin de l’audience à la Cour pénale internationale (CPI), mardi 15 janvier, quelques minutes après avoir été blanchis de crimes contre l’humanité, l’ex-président ivoirien et son ancien ministre tombaient dans les bras l’un de l’autre. Mais leur mise en libération a été suspendue, le temps pour le procureur de préparer un éventuel recours.
Ce 15 janvier, il n’a fallu que quelques minutes pour que le puzzle de l’accusation s’effondre. « Le procureur n’a pas démontré qu’il y avait un plan commun pour garder Laurent Gbagbo au pouvoir [lors de la présidentielle de 2010 face à Alassane Ouattara] », a lu le président de la chambre de première instance, Cuno Tarfusser. Il n’a pas démontré que « les crimes ont été commis en vertu d’une politique d’Etat ciblant la population civile », et il n’a pas démontré que « par leurs discours, les accusés ont incité au crime ».

La décision, rendue à la majorité des trois juges, provoque un curieux flash-back. En 2013, d’autres juges avaient refusé de mettre en accusation Laurent Gbagbo. Ils avaient ordonné au procureur de revoir son enquête, soulignant les mêmes faiblesses qui ont conduit à l’acquittement prononcé le 15 janvier. Et lorsque l’ancien président ivoirien a finalement été renvoyé en procès, il avait déjà passé dix-huit mois dans la prison de la CPI.
C’est Eric MacDonald qui a conduit le procès pour l’accusation. Le substitut du procureur n’a pourtant pas brillé par ses faits d’armes à la Cour, comptant à son passif l’acquittement – déjà – d’un milicien congolais et la condamnation au rabais d’un second. Le 26 janvier 2016, il ouvrait pourtant le procès de l’ex-chef d’Etat et de l’ancien ministre.
Timides repentis
Il veut alors prouver que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont mis sur pied un plan ciblant les civils favorables à Alassane Ouattara, l’actuel président ivoirien, dans l’objectif de conserver le pouvoir. Croyant à tort conforter sa thèse, et malgré les incitations des juges, le procureur a tout au long du procès minimisé le rôle de la rébellion des Forces nouvelles, soutien d’Alassane Ouattara.
Le dossier s’est lentement effondré avec l’audition des témoins-clés de l’accusation. Ceux qui étaient proches de Laurent Gbagbo pendant la crise sont devenus à la barre de timides repentis. Leurs récits, dont celui de l’ex-chef d’état-major Philippe Mangou, ont alimenté la thèse de la défense, revisité les luttes intestines des forces ivoiriennes, mais n’ont rien dit de l’existence d’un cercle ayant mis en place un plan ciblant précisément les civils.

Autres actualités

01 - Avril - 2019

En Sierra Leone, la pêche industrielle interdite pour un mois

La Sierra Leone a interdit pour un mois à compter du lundi 1er avril la pêche industrielle dans ses eaux afin de reconstituer les stocks de poissons, une mesure saluée par les...

30 - Mars - 2019

Le pape et le roi du Maroc appellent à « préserver » Jérusalem comme « patrimoine commun des trois religions monothéistes »

Le pape François a commencé, samedi 30 mars, une visite de deux jours au Maroc, attendue par une communauté de plus de 30 000 fidèles. Au premier jour de son voyage,...

30 - Mars - 2019

Theresa May pourrait organiser un quatrième vote des députés sur l’accord du Brexit

Jamais deux sans trois, dit le dicton. Et pourquoi pas quatre ? Alors que son accord de divorce avec l’Union européenne (UE) a déjà été rejeté par...

29 - Mars - 2019

Brexit : nouvelle journée décisive à Londres avec un troisième vote sur le traité de retrait

Ce devait être le jour du Brexit, ce sera, au mieux, le jour d’un nouveau sursis. Après avoir échoué à deux reprises à obtenir...

29 - Mars - 2019

Un opposant togolais empêché d’embarquer sur un vol Air France vers Lomé

Un ancien ministre et opposant togolais, François Boko, en exil en France depuis une quinzaine d’années, a été empêché jeudi 28 mars...