« Gilets jaunes » : les choix de Macron inquiètent Berlin et Bruxelles
Il n’est pas sûr qu’Emmanuel Macron ait réussi à rassurer les « gilets jaunes ». Il est certain, en revanche, qu’il aura inquiété Berlin et Bruxelles. En Allemagne, les réactions à l’allocution télévisée du président français, lundi 10 décembre, ne se sont pas fait attendre. Et, si le gouvernement d’Angela Merkel n’a pas officiellement réagi, les commentaires publiés dans la presse donnent une idée du fossé qui sépare désormais Paris et Berlin.
Sous le titre « Le président fait de la France la nouvelle Italie », Olaf Gersemann, le chef du service économique du quotidien conservateur Die Welt, a sonné, mardi matin, une très lourde charge contre M. Macron. « La réaction du président français à la foule en jaune doit déclencher la sonnette d’alarme à Berlin. Emmanuel Macron n’est plus un partenaire pour sauver l’Europe et la zone euro, mais un facteur de risque. »
Horrifié du coût des mesures annoncées, le quotidien du groupe Axel Springer estime que la France « va bientôt de nouveau dépasser les 3 % de déficit fixés par le traité de Maastricht ». Selon Die Welt, « la France, qui a pourtant le potentiel de contester à l’Allemagne sa place de leader économique de l’Europe, est maintenant menacée de rejoindre l’Italie en troisième classe ».
Moins virulente dans le ton, la Süddeutsche Zeitung a réagi avec la même inquiétude à l’allocution du chef de l’Etat. « Macron sacrifie ses objectifs sur l’autel des gilets jaunes », titrait, dès lundi soir, le grand quotidien munichois de centre-gauche. « La crédibilité en matière budgétaire : telle devait être la marque de fabrique d’Emmanuel Macron vis-à-vis de ses partenaires européens. Voilà maintenant que, face à la dure protestation des “gilets jaunes” contre sa politique économique, le président français renonce à sa politique de réduction des déficits », déplore la Süddeutsche Zeitung.