Guerre au Yémen : la France confirme un « chargement d’armes » sur un cargo saoudien

08 - Mai - 2019

Malgré les nombreuses critiques, la France poursuit sa livraison d’armes à l’Arabie saoudite qui est engagée dans une guerre au Yémen. Mercredi 8 mai, la ministre de la défense, Florence Parly, a confirmé qu’il y aura un « chargement d’armes » sur un cargo saoudien qui doit arriver dans la journée dans le port du Havre.

Cette annonce confirme les informations du site d’investigation Disclose qui affirmait mardi que le cargo saoudien Bahri-Yanbu doit prendre livraison de « huit canons de type Caeser » et les acheminer vers le port de Djeddah, en Arabie saoudite. Ces armes sont susceptibles d’être utilisés dans la guerre meurtrière que livre la coalition internationale menée par l’Arabie saoudite au Yémen.

Mais Mme Parly n’a pas précisé la nature des armes qui seront chargées ni leur destination tout en assurant que, « à la connaissance du gouvernement français, nous n’avons pas d’éléments de preuve selon lesquels des victimes au Yémen sont le résultat de l’utilisation d’armes françaises ». La ligne invariablement avancée par Paris est que ces armements ne sont utilisés que de manière défensive et pas sur la ligne de front.
Enquête ouverte

Or, selon une note des services secrets dévoilée mi-avril par le média français d’investigation Disclose, des armes françaises sont bien utilisées sur le territoire yéménite par Riyad et Abou Dhabi contre les rebelles houthistes, minorité chiite soutenue par l’Iran.

Ce sont les théâtres d’opération les plus reculés du conflit, demeurés inaccessibles à la presse étrangère, côté yéménite, depuis 2015. Disclose précise que, en croisant ces données avec celles de l’ONG américaine Acled (The Armed Conflict Location & Event Data Project), on peut établir que 35 civils sont morts au cours de 52 bombardements entre mars 2016 et décembre 2018 dans le champ d’action des Caesar français, où opère également, en théorie, l’aviation saoudienne.
Lire aussi Une note « confidentiel-défense » détaille l’emploi des armes françaises au Yémen

A la suite de ces révélations, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « compromission du secret de la défense nationale ». Selon une source judiciaire, l’enquête judiciaire a été initiée le 13 décembre 2018 à la suite d’une plainte du ministère des armées, et les investigations ont été confiées à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Au moins trois journalistes ayant révélé ces informations – les deux fondateurs de Disclose, Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, ainsi que Benoît Collombat, de la cellule investigation de Radio France –, sont, par ailleurs, convoqués mi-mai en vue d’une audition libre dans les locaux de la DGSI.

Pour M. Livolsi, « cette enquête judiciaire n’a qu’un seul objectif : connaître les sources qui nous ont permis de faire notre travail ». « C’est une atteinte à la liberté de la presse et à la protection des sources des journalistes », a-t-il ajouté. En réaction à ces convocations, près de quarante sociétés de journalistes et de rédacteurs ont exprimé dans un communiqué leur « pleine et entière solidarité avec nos confrères, qui n’ont fait que leur travail : porter à la connaissance des citoyens des informations d’intérêt public sur les conséquences des ventes d’armes françaises ».

Autres actualités

31 - Octobre - 2019

Destitution de Donald Trump : les démocrates ouvrent la voie à des auditions publiques

Après cinq semaines d’interrogatoires à huis clos, la procédure de destitution engagée contre Donald Trump entre dans une nouvelle phase. La Chambre des...

31 - Octobre - 2019

En Syrie, première réunion sans illusions du Comité constitutionnel

C’est une première depuis les négociations de Genève en 2014 : des représentants du gouvernement syrien, de l’opposition et de la société...

30 - Octobre - 2019

Dans le nord-est de la Syrie, l’intervention de la Russie n’évite pas les accrochages

L’officier de la police militaire russe a l’air préoccupé. Dans l’habitacle de son tout-terrain blindé, portière ouverte, sa voix s’agace au...

30 - Octobre - 2019

Liban : Saad Hariri chargé d’expédier les affaires courantes

Le président libanais Michel Aoun a chargé le premier ministre démissionnaire Saad Hariri d’expédier les affaires courantes du pays jusqu’à la...

26 - Octobre - 2019

La Turquie menace de chasser les « terroristes » de la frontière syrienne si l’accord échoue

Le chef du Pentagone a annoncé, vendredi, que des soldats américains allaient être déployés dans le pays pour protéger les champs de pétrole. Le...