Hillary Clinton : « Trump est plus dangereux qu’impuissant »
Dans un entretien au « Monde », l’ancienne candidate démocrate critique la dérive souverainiste du président républicain.
2017. Chappaqua. New York. USA. Hillary Clinton interviewed at Crabtree's Kittle House near her home in Chappaqua.
Hillary Clinton s’est lancée dans une grande tournée de promotion de son livre, What Happened (Ça s’est passé comme ça, Fayard, 480 p.), sorti le 12 septembre aux Etats-Unis, où il a rapidement battu des records de ventes, et le 20 septembre en France. Jeudi 21 septembre, elle a retrouvé les envoyés spéciaux du Monde dans un hôtel champêtre à Chappaqua, dans l’Etat de New York. C’est dans cette petite ville cossue que le couple Clinton s’est installé après avoir quitté la Maison Blanche, en 2001. Et c’est là aussi que l’ancienne secrétaire d’Etat a longuement médité sur sa défaite du 8 novembre 2016. Accompagnée comme toujours par sa conseillère Huma Abedin, Hillary Clinton, pugnace, a livré son analyse de la victoire inattendue de Donald Trump.
Dans votre livre, vous racontez une scène pendant le deuxième débat avec Donald Trump. Vous parliez au public et il était derrière vous. « Je sentais littéralement son souffle sur ma nuque », écrivez-vous. Vous n’aviez pas réagi. Est-ce que cette retenue ne validait pas le choix d’un style agressif qui lui a permis de gagner ?
Je ne pense pas que cela lui a permis de gagner, mais cela a fait partie des défis que j’avais à affronter face à quelqu’un qui était en fait un candidat de la téléréalité, auteur de commentaires sexistes et qui dénigrait des femmes. Quand j’ai écrit le chapitre sur le sexisme et la misogynie, j’ai essayé de donner cet épisode en exemple parce qu’il est emblématique de la difficulté d’être une femme sur la scène publique. C’était un moment très inconfortable. Je m’étais préparée à un tel comportement et j’avais conclu que je devais rester calme et maîtresse de moi, quoi qu’il fasse.
Vous n’éprouvez aucun regret ?
C’est pour cela que j’ai écrit. On peut dire qu’il était un candidat inhabituel, dans une campagne inhabituelle. Peut-être que le fait d’être la personne qui avait l’expérience...